Quand on dit film d'auteur allemand de 2h45 présenté au Festival de Cannes, ca fait forcément un peu peur. Cependant, le succès critique unanime de Toni Erdmann force la curiosité... à juste titre ! Ines Conradi est une femme qui voue sa vie au travail très sérieux en "stratégie d'externalisation" dans l'industrie pétrolière. Dans ce doux monde professionnel où l'habit fait le moine, Ines consacre 100% de ses forces, elle veut tout contrôler quitte à devenir une "bête" selon le compliment de son patron. Ses proches sont mis à l'écart comme une distraction qui ne l’intéresse pas, loin de ses réalités. Ainsi, son père, un papy un peu relou mais adepte de la blague, décide de hanter le quotidien de sa fille avec des apparitions déplacées qui créent des situations particulièrement embarrassantes en plein entretien avec son boss ou avec un client de première importance. La gêne est au rendez-vous mais la finesse d'écriture rend ses moments drôles et conduisent un peu plus Ines à prendre conscience d'elle même et que la vie passe pendant qu'elle enchaine les conversations téléphoniques. Cette poésie loufoque atteint de jolies sommets dans la dernière partie du film (qui n'ennuie finalement jamais) où les codes sont cassés car nous sommes finalement tous les mêmes sous le costard : un corps avec une paire de nibards ou une saucisse de Francfort. Comme quoi, les allemands peuvent aussi nous attendrir pour ce qui aurait dû être (?) la Palme d'Or du Festival de Cannes 2016.