Difficile de dire beaucoup de mal de Toni Erdmann. On comprend pourquoi, au même titre que Ma Loute et Elle, le film de Maren Ade a fait sensation à Cannes : parce qu’il défie habilement les codes (de genre et de narration), Toni Erdmann imprime durablement les méninges. Deux heures quarante (s’ouvrant symboliquement par une farce et se clôturant par le superbement mélancolique « Plainsong » de The Cure) pendant lesquelles quelques scènes et quelques dialogues feront indiscutablement date, entre rire malicieux et drame évanescent. On sera cependant plus mesuré face aux fables, sociale et familiale, beaucoup plus cadrées et prévisibles. Mais restent indéniablement deux beaux personnages abîmés, survivant comme ils peuvent, l’un caché derrière un masque de clown, l’autre en apnée dans aquarium rempli de requins.