Pas de quoi sursauter. ce Tonnerre-là, film de tradition française ancré dans le réel, romanesque et délicat, ne fait pas beaucoup de bruit. Petit film surestimé, il n'en demeure pas moins tout à fait agréable.
On regrette d'emblée le parti pris non-esthétique de la mise en scène. S'il est correctement cadré, Tonnerre ne fait rien pour être joli. À vrai dire, il ne fait rien pour être laid non plus. Sans doute n'est-ce pas la préoccupation de Guillaume Brac. C'est dommage. Et s'il faut souligner les failles du film, l'autre tient au parti-pris narratif. En inscrivant son récit dans une veine réaliste, ou frayant avec le réel, le cinéaste scie un peu la branche sur laquelle il est assis. Aussi, tiraillé entre sa volonté d'avancer et son obligation de vérisme, le scénario n'en finit pas de grincer, mécanique mal huilée, mal rythmée, souvent approximative.
Tout repose finalement sur les comédiens. Si Solène Rigot est charmante, elle montre très rapidement ses limites. À peine meilleure ici que dans Lulu femme nue, elle n'accroche pas la lumière. Celui qui brille, c'est bien entendu Vincent Macaigne. C'est lui qui porte Tonnerre et le rend agréable. Regard lumineux, voix douce, grand garçon fragile et presque amoureux fou, il est très attachant. Face à lui, Bernard Menez excelle en père faussement cool mais vraiment gentil. Leurs scènes à deux sont les meilleures du film.
On sent la démarche de Guillaume Brac parfaitement sincère. On sent sa volonté de faire basculer son récit dans autre chose qu'une simple "chronique provinciale authentique". Il n'y parvient qu'à demi. Déjà handicapé par un manque de fluidité, Tonnerre traîne à finir, s'enlise dans ses derniers rebondissements, et choisit de conclure par défaut.
On retiendra néanmoins quelques jolies scènes de complicités amoureuses entre le père le fils, preuves d'une réelle capacité à capter l'instant, que Guillaume Brac saura, on l'imagine, faire prospérer à l'avenir.