Gordon Douglas, c'est une carrière aussi prolifique qu'oubliée. C'est un réalisateur de films de genre, et déjà en disant cela on le met dans la catégorie B, comme si le film de genre, c'était autre chose que le film classique, sauf s'il est aussi vieux que Métropolis ou Nosferatu, et là cela devient du génie. C'est injuste bien sûr, mais c'est une distinction ancrée encore aujourd'hui, et tel dira encore, Moi, les films d'horreur, j'aime pas ça, en mettant dans le même panier un Saw et Halloween ou The thing, oubliant qu'il a adoré La féline de Tourneur.
Disons le d'emblée, de ce que j'ai vu de Gordon Douglas, il n'apparaît pas comme un grand styliste. Cependant, il y a des films qui méritent le détour, et sans doute Tony Rome est dangereux est-il l'un d'entre eux, même si ce n'est pas le meilleur. Sinatra y joue l'archétype du privé, qui se prend son content de gnons avant d'accéder à la vérité.
Mais on n'est plus dans les années 50, et le film de privé, il faut le renouveler. Lors de ses premières scènes, Tony Rome offre un zoom rapide sur le cul d'une femme en maillot de bain, plan accolé à un match de boxe. Le message est passé, on nous promet du sexe et de la violence. Histoire d'enfoncer le clou, la musique a parfois des tonalités jamesbondiennes.
Autant le dire tout de suite, Tony Rome ne renouvelle pas grand chose. Dire que son personnage de privé est archétypal, c'est encore peu. Brut de décoffrage mais honnête et au grand cœur, ancien flic, avec un partenaire véreux, officine miteuse, gnons sur la figure, femmes fatales, sex appeal, personnage excentrique vivant dans un bateau, tout y passe.
Mais bon, le film est bien ficelé, bien réalisé, bref plutôt plaisant. Gordon Douglas est ce qu'on appelle un bon artisan : il accepte les scénarios des studios, mais ce qu'il en fait, c'est plutôt pas mal. Alors, laissez-vous tenter.