C'est en effet par ce mot répété 3 fois que l'aviation japonaise a anéanti la flotte et l'aviation américaines à Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Ce film affiche une ambition qui est d'assurer l'exactitude des faits alliée au côté spectaculaire, un peu sur le modèle du Jour le plus long (déjà produit par la Fox et Darryl Zanuck), avec scènes d'état-major et scènes de combats, et surtout des séquences japonaises réalisées par des Japonais avec des acteurs japonais, le tout étant coordonné par Richard Fleischer, ce qui confère au film un maximum d'authenticité et une crédibilité minutieuse, peut-être trop même, mais j'y reviendrai.
Même s'il est plus exaltant pour les Américains de célébrer une victoire plutôt qu'une défaite, tout a été mis en oeuvre pour que la réussite soit au rendez-vous ; le Pentagone et la Navy ont prêté leur concours, et les dirigeants de la Fox préférant éviter les grosses vedettes comme dans le Jour le plus long, ont engagé de bons acteurs de second plan comme Jason Robards, E.G. Marshall, James Whitmore, Martin Balsam ou Joseph Cotten afin de donner un côté plus discret. Du côté de l'équipe japonaise, les acteurs sont inconnus.
Fleischer a donc brossé une fidèle reconstitution de cette tragique défaite US avec beaucoup de moyens, mais il a surtout mis en évidence l'inconscience du haut commandement américain face au danger militaire japonais qu'il a sous-estimé en permanence, expliquant les raisons pour lesquelles ces responsables de Washington, bien qu'avertis d'une attaque imminente, ont refusé de la croire ; l'attitude de Roosevelt et la carence des officiers supérieurs sont cependant pudiquement évoquées. On sait par exemple que si cet état-major et si Roosevelt n'ont rien fait pour empêcher ce désastre, c'était pour que l'opinion publique traumatisée par cette félonie nippone, accepte que les Etats-Unis entrent en guerre. Là-dessus, on peut gloser, mais ce n'est pas mon but ici, je relate mon ressenti sur ce film qui comporte quand même un défaut : un scénario très dense avec beaucoup de personnages, une alternance constante entre scènes américaines et scènes japonaises, ce qui donne trop de scènes bavardes et un aspect parfois trop rigoureux et documentaire nuisant au rythme du film, heureusement que Fleischer se rattrape ensuite avec les scènes d'attaque où les grands navires de guerre américains sont détruits dans la base de Pearl Harbor, ces scènes sont stupéfiantes et formidablement réglées, mêlées à des images en couleurs tournées par des opérateurs de la Navy. Fleischer a aussi fait appel à un spécialiste des scènes d'action, Ray Kellogg qui avait déjà co-réalisé avec John Wayne les Bérets verts en 1968.
L'aspect reconstitution est troublant, mais la prise de position reste modérée, il ne s'agit pas de glorifier une défaite mais de raconter une page historique, de façon certes un peu trop prudente. Le film est toutefois bien plus intéressant et plus crédible que la monstrueuse grosse machine Pearl Harbor réalisée en 2001 par Michael Bay qui appuyait sur la fibre ultra patriotique, déroulait une love story ridicule et transformait presque la défaite en victoire. Ici, il n'y a pas de patriotisme mal placé, que des faits assénés parfois sèchement mais de façon juste aussi bien du côté américain que du côté japonais.