Touchez pas au grisbi par aldosavage
Touchez pas au Grisby est un film noir de facture très classique.
C’est à la fois sa force et mais aussi sa principale faiblesse, car si tout s’enchaine de manière logique, inutile d’y chercher la moindre surprise.
C’est aussi le film qui va complètement relancer Jean Gabin dans un nouveau style et offrir son premier rôle au cinéma à Lino Ventura qui lui va imposer sa gueule, son jeu et ses épaules avec une facilité déconcertante...
L’histoire est simple : deux malfrats ( Max la tête pensante et Riton d’avantage accès sur les muscles que le discernement) sont rattrapés par la limite d’âge, fatigués de la vie nocturne.
Même les cabarets, leurs filles faciles et le champagne à l’œil les fatigue.
Ça tombe bien, ils viennent de réussir le gros coup qui alimente les journaux et qui doit les mettre à l’abri du besoin de manière définitive.
Heureusement pour nous, Riton n’est pas une lumière. Il est bavard, trop avec sa poule bien trop jeune pour lui et qui a commencé à fricoter dans son dos avec un jeune truand ambitieux : Angelo.
Ce dernier flaire alors la bonne opération à réaliser sur le dos des deux compères.
Les péripéties débutent et mèneront Max face à un choix cornélien et il va s’en dire que le final sera tragique et sanglant comme il se doit.
Bref du bon gros classique, le film que l’on prend plaisir à regarder pour ses interprètes, les drôles de gueule qui défilent sur l’écran, son ambiance du paris nocturne des années 50 et même son intrigue simple et efficace.
Un film où l’argot coule à flots pour notre plus grand bonheur. Un film où on prend le temps de se mettre à table entre habitués, de discuter business dans une salle de cabaret.
Un film où on ouvre une bonne bouteille à deux pour discuter de l’avenir et des soucis actuels, avant de se mettre le plus naturellement du monde en pyjama, d’aller se brosser les dents et de se mettre au lit en se souhaitant bonne nuit.
Il y a bien quelques scènes un peu limites sentimentalement avec l’ami Jean Gabin qui, contrairement à son compère, « emballe » tout ce qui porte jupons avec une facilité ahurissante: probablement des restes de son côté jeune premier.
Pour conclure, un classique du film noir sans fausse note mais hélas sans génie.
Il manque peut-être un traître, un flash-back, un vrai rebondissement, pourtant j’y ai cru quand Fifi a été interrompu au moment de faire une « révélation » (qui passera à l’as finalement).
Que sais-je... Il manque le truc qui bouscule ce canevas trop établi pour faire basculer le film dans une autre dimension.