"Le cinéma, c'est anecdotique". C'est la première chose que le réalisateur a exprimé en montant sur scène pour la présentation de son film au festival du film de Sarajevo. Très bien, alors de fait pas de cinéma, parce que clairement, ton film là, il sert à rien. Il a continué "L'important c'est les rencontres, et puis le respect." Bon alors là je suis parti, parce que j'avais envie d'une glace et que j'en avais assez pour faire une amorce à ma critique.
Justement, le mot respect est utilisé à un moment dans le film, lors de la seule réflexion légèrement intéressante. Un personnage secondaire explique que le respect (des sœurs et des femmes, ici) est simplement une manière de protéger et de perpétuer les habitudes patriarcales/machistes. En gros, t'approche pas de ma sœur, c'est moi qui décide qui s'approche d'elle (je sais pas si l'enchainement logique tel que je le présente ici fait sens, mais en visionnant l'extrait vous serez d'accord avec moi). Et sur cette réflexion plutôt pertinente, le personnage principal répond qu'il ne faut pas tout analyser et qu'il s'agit simplement d'une manière de faire qu'il n'avait jamais questionnée. Et ça s'arrête là. Pour un film qui entend dénoncer les fractures raciales - pour ne pas dire le racisme - c'est un peu dommage. Bon parce que si on respecte tout et qu'on ne remet jamais rien en question, ça s'appelle du conservatisme, et on peut aussi respecter le fait que la France ait été un pays non-musulman jusqu'à il y a moins d'un siècle. On est bien avancé.
Tout ça pour dire que le film rate complètement son objectif. Avec cette énième tentative cinématographique de souligner les ponts qui peuvent se créer entre deux cultures, on se retrouve simplement avec un nouvel exposé maladroit de clichés sur les relations inter-raciales, dépourvu de toute analyse et qui passe sous silence les obstacles au dialogue qui peuvent exister réellement.
Dommage, encore raté. Pourtant on voit bien les efforts qui sont faits pour s'emparer d'un sujet complètement dans l'actualité. A force d'essayer, peut-être qu'un jour on aura un film intéressant sur ce sujet pourtant crucial.
(dans mon commentaire, je n'ai pas du tout parlé de la forme. Je me rattrape : je la trouve largement maladroite, les transitions semblent rarement naturelles, et le réalisateur insère trop souvent des plans abstrait, chose que le niveau général du film ne lui permet pas.)