Emphase chauviniste sur ce premier film belge. Il placarde l’adolescence avec justesse, mais il faut relativiser le dithyrambe qui le propulse. L’intrigue place la paternité sous une loupe : une jeune fille de quinze ans soupçonne son adoption. À la quête de soi se mêle celle du véritable géniteur (Bouli Lanners, au naturel). L’entame esquisse un quiproquo grotesque et facile. La forme réforme le fond : le film réserve quelques audaces visuelles. Des plans oniriques dont on ne saisira qu’en amont l’essence, des cadres singuliers cloisonnant l’introspection.
Quand la mise en scène s’aplanit, l’émotion l’imite. Les scènes-clés (révélation, face-à-face avec le mensonge) cherchent toujours leurs serrures. Le jeu criard de Manon Capelle ne les crochètera pas : sa partenaire lui tire la couverture. Celle d’un virage de l’âge que les parents voudraient ouatée mais où subsistent les accrocs. L’entretien maternel de l’illusion dévoile, par un truchement traumatique, un sous-texte décapant. Tous les chats sont gris laisse perler un défaitisme dévorant à propos des nuits sans droit à l’oubli, du désaveu désœuvré. On regrette qu’il ne creuse pas davantage cet écrin de fatalité. Le propos bruisse mais n’éclate jamais, déleste ce premier film de son choc contondant. Ça a beau marteler, ça n’entaille rien.