Lorsqu'un père indigne et prodigue, aventurier jamais en peine de projets grandioses, rentre au bercail après des années d'absence, ses retrouvailles avec sa fille ainée, jeune femme rigide et véhémente qui a assuré la subsistance du foyer, ont toutes les chances de provoquer des étincelles. Et c'est bien ce qui se produit tout au long de la comédie, où il est question de l'achat d'un casino et de collusion mafieuse.
L'opposition entre Yves Montand, charmeur inconséquent, et Isabelle Adjani, haut fonctionnaire sans fantaisie, introduit les plus amusantes et les plus réussies séquences du film. Leur efficacité provient d'un scénario habile, bien sûr, tout autant que des idées qui alimentent les deux personnages, qui les rendent crédibles at attachants en révélant ce que leur comportement laisse entrevoir de vulnérabilité. La comédie se fait alors plus amère.
Qu'on ne cherche pas de gags inutiles dans cette histoire échevelée et mouvementée; la mise en scène de Jean-Paul Rappeneau ne sert que les personnages et les situations, lesquels se suffisent à eux-mêmes. Cette élégance rejoint et souligne la beauté formelle du film (Adjani, les paysages suisses, la musique de Michel Berger) et s'appuie sur une pétillante interprétation.