Il est peu dire que Jean-Pascal Zadi et John Wax ont su saisir l'air du temps avec ce film, pour ne pas écrire être carrément visionnaires concernant le scandale George Floyd et les émeutes qui ont suivi. Ne serait-ce que pour ça, « Tout simplement noir » a toute sa pertinence, évitant de tomber dans une forme de bien-pensance ou d'angélisme vis-à-vis de la communauté noire, tout le monde en prenant (gentiment) pour son grade (Fary en opportuniste de première en tête). D'abord, c'est quoi être noir ? Cette question à première vue absurde est posée avec intelligence et sous toutes ses « formes », ce « statut » pouvant aussi bien être vu comme un « acte militant » que comme un simple état de fait, différent quant aux origines de chacun (l'Afrique n'est évidemment pas la France d'outre-mer).
Zadi n'hésite pas à s' « auto-charger », se montrant encore plus intolérant dans son regard pour le moins discutable sur la question, au point de nous demander habilement dans quelle mesure où est la fiction entre ce qu'il dit et ce qu'il pense vraiment, amenant quelques scènes assez hallucinantes
(les propos anti-écologie, notamment).
Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, preuve d'une certaine efficacité dans la démonstration, l'énergie comme la conviction de l'acteur-réalisateur dans son « propre » rôle étant évidente.
Malheureusement, la démonstration tourne quand même un peu à vide, presque contre-productive dans sa démarche et sa logique de faux reportage où chacun vient faire (efficacement) son numéro. Si certaines apparitions sont pertinentes, d'autres moins, donnant presque une impression de sketchs avec seulement un fil conducteur, voire un défilé de stars s'essayant à l'autodérision
(Fabrice Éboué et Lucien Jean-Baptiste, probablement le meilleur passage, hélas vraiment trop long).
Une comédie pleine d'idées, souvent pertinente, mais au procédé montrant ses limites, se retournant presque contre lui dans sa logique « communautaire » (balancer du rap, désolé mais moi, c'est toujours non) et de repli sur soi, ayant toutefois l'intelligence de se terminer sur une note d'émotion : tout ceci, au fond, n'était peut-être qu'une question d'amour.