"Tout sur ma mère" nous avait enchantés à sa sortie, témoignant d'une évolution sensible d'Almodovar qui semblait faire faire un dernier tour de piste à ses traditionnels personnages hauts en couleur de putes, transsexuels, drogués, artistes bohèmes et ménagères hystériques, leur accordant une sorte d'adieu chaleureux, avant de passer à "autre chose".
Autre chose ? Un cinéma du mélodrame éternel, un cinéma "féminin", sur et autour des femmes, à la manière des grands maîtres en la matière - d'ailleurs cités largement : Cukor, Mankiewicz, Cassavetes. Et ce cinéma-là, il faut bien le reconnaître, est d'une folle générosité, et témoigne d'une furieuse envie de vivre, d'aimer, de partager des sensations essentielles. Ce cinéma-là, que d'aucuns trouveront excessif, fatigant peut-être tant il est saturé d'affects, de rebondissements, de coïncidences forcées, démontre une inextinguible soif de vie : "Tout sur ma mère" se regarde des larmes plein les yeux, mais le coeur en fête.
[Critique écrite en 2011]