Le documentaire au Cinéma, c'est mon dada. Loin des idées reçues portées à son encontre, ce médium n'est pas un impuissant flashant, à la volée, les dessous de la vérité, il est au contraire, son plus grand faussaire. Au même titre que le faux en peinture, le documentaire plisse son modèle de sa propre authenticité, qui porte si bien les mots de Chris Marker : "Et la vérité n'est peut-être pas le but, elle est peut-être la route". C'est précisement l'agencement des perceptions intimes, des considérations contradictoires, des souvenirs couverts ou dénudés de présent qui font Toute la beauté et le sang versé d'un film et d'une vie. Le récit se dénoue en photographies et en témoignages, véritables vestiges du devenir d'une époque qui semble dénuée d'âge dans ce long-métrage. La voix de Nan Goldin m'émeut tant dans l'impudence que dans la réserve. Tarkovski disait donc vrai, la sincérité est bel et bien la seule condition à la compréhension de l'artiste. Sa lutte aussi, peu importe sa portée, son incidence ou même sa bienfaisance à l'arrivée, est vraie et tout le reste est documentaire.