"Tracks", c'est un peu la version 10's de "Into the Wild". C'est-à-dire qu'on retrouve les mêmes enjeux, mais adaptés à notre sauce contemporaine. Ben oui, les effets de mode, ça change, et ce qui était cool en 2007 ne l'est plus en 2014.
Exit la voix off, on a ici droit à un film silencieux, où le voyage se fait seul. Bon je râle, mais j'avoue que la première heure m'a complètement séduit : on en retient un film contemplatif qui aurait mérité un bon 7/10 en durant au total 1h15 (15minutes pour amener une fin). Passé l'heure, on ne peut que remarquer le vide narratif... en effet, quasi aucun obstacle ne viendra perturber ce petit chemin qui paraît dès lors trop facile*. De plus, l'auteur alimente le film de flashbacks qui permettent de situer la psychologie du personnage. Sauf que ces flashbacks sont répétitifs, n'amènent vraiment plus rien de neuf au bout du deuxième. Il y a aussi les hallucinations pour renforcer la torture que représente une telle solitude (sauf que la solitude on ne la ressent pas trop, vu que ces moments sont ellipsés ou bien qu'on la voit contente d'être seule, sauf sur la fin où elle se montre en manque), mais celles-ci sont sous-exploitées (alors qu'il s'agissait d'excellentes idées qui permettaient d'écorcher un peu le personnage au niveau de ses convictions).
Le personnage est un peu insupportable par moment. Une tétue qui est certainement moins prétentieuse que Chris McCandless, amis au moins autant méprisante envers les gens. Sauf si ce sont des gens du coin, parce que les gens du coin c'est toujours plus cool lors d'un voyage (elle n'a peut-être pas d'appareil photo, mais je trouve que ses motivations ne valent pas mieux). Mais bon, je peux aimer un film alors que le personnage principal est infect. Ce n'est donc pas le comportement de l'héroïne qui me pose problème mais bien une narration trop pauvre. C'est d'autnat plus dommage qu'il y a quelques thèmes intéressants et quelques scènes fortes (lorsque les journalistes l'attendent), sauf que c'est trop peu exploité.
La mise en scène est donc bel et bien contemplative. C'est assez beau. La caméra est posée et filme les décors magnifiques. Mia Wasikowska aussi est magnifique. Et douée. En revanche, la scipte a un peu foiré au niveau de la continuité du maquillage, parce que par moment, l'héroïne a d'énormes coups de soleil puis après elle n'a plus rien. Bon, il y a toujours cette notion d temps un peu floue (c'est d'ailleurs très regrettable), mais il y a quand même le moment où la belle passe quelques temps chez ce vieux couple de fermier (des fermiers à la place des hippies, c'est tellement plus cool) : elle débarque brûlée comme jamais et repart avec un teint vacancier... à nouveau j'ignore combien de temps elle est restée là, mais j'ose imaginer pas très longtemps... Adam Driver est assez bon aussi : bavard et maladroit, opportuniste aussi. J'avais peur que ça ne tourne en un drame romantique mais les auteurs ont su nous en préserver.
Bref, "Tracks" aurait pu être pas mal en étant raccourci de 40 minutes. En l'état, ce drame inspiré de faits réels manque de conflits et d'enjeux pour rassasier le spectateur. Dommage, j'étais vraiment enthousiaste durant la première heure, mais la seconde n'a fait que m'irriter de plus en plus au fil des minutes. Faudra que je revois "Into the wild", mais il me semble qu'il se passait un peu plus de choses, même si le héros était plus tête-à-claque que l'héroïne de ce film-ci.
*le gros conflit : l'héroïne perd sa boussole... elle retourne sur ses pas en vitesse, cherche un peu, retrouve sa gourde puis, alors qu'elle a retrouvé sa gourde en suivant ses traces à l'envers, elle ne sait plus d'où elle vient... heureusement son chien retrouve la trace... fin du conflit.