Compartiment tueur !

Par un drôle de concours de circonstances, une jeune et très belle femme doit partager un compartiment dans un wagon-lit avec un homme s'approchant de l'âge mûr. Celui-ci dissimule son regard derrière des lunettes de soleil, et ne cache pas qu'il aurait souhaité, pour des raisons obscures, rester seul. Plus tard, on apprend qu'un fugitif, meurtrier de sa femme, et bien sûr traqué par la police, s'est réfugié dans le train...

Un petit concentré d'humanité, dans un lieu aussi exigu qu'un studio d'étudiant à Paris à 1000 euros le loyer par mois, voilà ce que nous propose Jerzy Kawalerowicz. Il utilise habilement tous les angles de caméra possibles et imaginables pour nous faire entrer dans cet endroit très confiné et nous faire partager la vie de ses personnages. Outre les deux protagonistes, on y croisera aussi, comme personnages particulièrement intéressants, une nympho qui drague à tout-va, ou encore l'amoureux éconduit de la protagoniste, qui se refuse à la lâcher. Point de vue sensualité, l'étroitesse du lieu, le physique de rêve... ouah... de Lucyna Winnicka, et la musique qui va bien dans ce sens (très bonne BO !), font que c'est très fort, que c'est très chaud.

Mais l'aspect sombre de l'espèce humaine ne va pas malheureusement manquer de pointer son nez, dans la seule véritable sortie extérieure du film, où les voyageurs vont traquer sans pitié l'assassin, donnant plus un sentiment de malaise qu'autre chose, l'impression d'une meute de chiens se jetant sur du gibier.

En résumé, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur, ce film Made In Poland est une petite perle qui se révèle assez profonde, assez prenante, assez efficace et excellemment filmée, et fait grandement honneur, non seulement au cinéma de son pays, mais aussi au sous-genre qu'est le film de train, dont il est incontestablement un des plus beaux représentants. Tchou-tchou.