Attention cette "Chose" n'est en aucun cas un film dans sa définition la plus classique (une histoire de fiction filmée durant environ 1h30) mais une expérience aussi éprouvante qu'une rencontre impromptue et virile avec une abomination Cthuluenne en quête de chair humaine.

Si pour décrire un film on devait le comparer à une personne, N3T serait la créature de Frankenstein, c'est-à-dire un assemblage monstrueux de différents membres en état de putréfaction avancé. Ici nous avons droit à 3 films pseudo-horrifiques Z prodigieusement nuls, qu'un monteur psychopathe a découpé au-delà de toute logique, et a osé assembler ensemble, pour en faire un "films à sketch" du miséreux. Ce à quoi un producteur dérangé a rajouté un combat métaphysique entre Dieu et le Diable, et la pire soupe pseudo rock de l'histoire! Le résultat est un amas puant de nanar gore, de nanar érotique, de nanar religieux et de nanar musical.

Le principal coupable est Jay Schlossberg-Cohen, "producteur" de 4 films dont celui-ci. Avec ce seul étron il a pourtant réussi à égaler le duo d'escrocs Hongkongais Joseph Lai et Godfrey Ho dans la malhonnêteté, l'incompétence et la nullité artistique. Je vais d'abord m'attaquer à son fil de base.
Dieu et Satan se réunissent dans un train pour discuter des histoires de personnages de films d'horreur, et voir s'ils devraient se retrouver en enfer ou au paradis. Sur cette trame déjà grotesque et artificielle, le réalisateur s'appuie sur des débats théologiques entre le bien et le mal bien clichés et simplistes (ou on apprend entre autres que Satan soutient le tabac et l'alcool). Nos deux déités ont comme arbitre un vieux contrôleur noir, à l'allure et à l'expressivité d'un zombi. Celui-ci doit en plus s'occuper d'un groupe de djeuns bien décérébrés qui servent de passagers du train, tuant le temps en massacrant nos oreilles et nos yeux.
Le principal débat entre Dieu et Satan est de savoir si ces djeuns doivent aller en enfer ou non (attention danger, leur chanson repasse entre chaque sketch). Je vous laisse à même de juger, en prévenant que des gens sont devenus fous pour moins atroce que ça :
http://www.youtube.com/watch?v=VUHsLZ5t5w8
Malheureusement ce n'est pas la réponse la plus évidente qui sera choisie.

Le premier sketch est l'affaire Harry Billings : John Philip Law est séquestré par des toubibs psychopathes qui le forcent à kidnapper des femmes pour qu'ils puissent les démembrer. Cette série Z déjà profondément nulle se voit sublimée par un montage ignoble qui ne propose que ses "moments de bravoure" : John Philip Law a un accident à la con, se retrouve ligoté à un lit et subit des électrochocs. Il devient alors un rabatteur de blondes (dont le physique montre les limites du budget) qui se retrouvent ligotées et seins nus sur des lits d'hôpitaux. Les scènes de kidnappings et de meurtres sans liens entre eux se succèdent longuement avant que la voix off ne se décide enfin à nous expliquer que les médecins font ça pour vendre les membres de leurs victimes à des écoles de médecine. Pourquoi des femmes uniquement, ligotées seins nues (attendez je crois avoir trouvé la réponse...)? Pourquoi les écoles accepteraient des morceaux aussi mal découpés et entreposés? Le film d'origine semble être déjà une belle merde. La crédibilité douteuse de sa fin n'est pas aidée par le nouveau montage ou chaque rebondissement arrive tellement vite qu'on a à peine le temps de se remettre de la nullité du précédent.

La deuxième histoire, l'affaire Greta Connors, est le clou de ce spectacle décadent, malgré la concurrence exceptionnelle des autres "sketchs". C'est l'histoire d'une fille qui devient actrice de porno (après la scène de drague la plus minable de l'histoire du cinéma) par un producteur douteux. Ensuite un bellâtre en tombe amoureux après avoir vu l'un de ses films (ça fera une belle anecdote pour les petits enfants) et la séduit, mais le producteur veut se venger des 2. Quel meilleur moyen de se venger que de les inviter à son club de suicidaires? Même les films de Godfrey Ho ne sont pas tombés aussi loin dans le dadaïsme nihiliste : même le gros plan d'une main peut se transformer en craignos monster! Ce sketch se conclut encore sans que l'on connaisse la fin du film. Heureusement que Dieu nous la raconte en précisant juste que les zamoureux ont pu s'enfuir (je ne sais pas trop comment mais puisqu'il le dit... Je ne pense pas avoir le courage de regarder le film entier)

Enfin l'affaire Claire Hansen réussit l'exploit de rivaliser avec le précédent sketch en permanence. C'est l'histoire d'un sous Ashton Kutcher (oui, cette horreur là existe!) qui a commis des méchancetés sous les second et troisième Reich, le plus incroyable étant qu'il se fasse photographier à chaque fois, même en 1870! Son truc est de se transformer en monstre en mousse pour pouvoir massacrer ses victimes réduites également en pâte à modeler. Cela m'étonne de ne pas voir créditer au générique "Play-Do". Puis il va persécuter un écrivain athée (logique!) mais la femme de celui-ci apprend par son prêtre qu'il faut arracher le coeur de ce sous Ashton Kutcher...

Il faut reconnaître à cette imbrication de différents films nanars une certaine cohérence : la photographie est laide, le style visuel oscille en permanence entre le mauvais goût des années 80 et celui des années 70, mis à part 2 ringards sous motivés par la merde qu'on leur fait jouer (John Philip Law et Cameron Mitchell) le casting a bien fait de rester inconnu, l'érotisme est vulgaire, les scènes de meurtre mal foutues, les effets spéciaux littéralement en mousse, et les scènes d'opération d'un amateurisme écœurant.
On ne pourra faire pire dans le genre "anthologie" des fosses sceptiques. C'est le degré zéro du cinéma, et donc qqch a voir absolument si vous voulez vous bidonner.

Créée

le 5 août 2014

Modifiée

le 6 août 2014

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Jibest

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