Afin de rendre hommage à Alain Delon, je cherchais un film avec lui que je n'avais pas chroniqué ; pas évident vu que depuis mon arrivée sur SC, j'en ai chroniqué beaucoup. Finalement, j'ai repéré ce film peu connu qui était dispo sur OCS et que j'ai revu avec plaisir.
Alain Jessua proposait dans les années 70 un cinéma de divertissement mais se démarquait du cinéma vraiment commercial à la Henri Verneuil ou Georges Lautner en abordant des problèmes de notre temps et en lançant des cris d'alarme. Son discours est un peu semblable à celui de Boisset mais en parfois plus subtil. C'est exactement ce qu'il fait ici : à travers la cure de rajeunissement dans un institut de thalassothérapie en Bretagne, où l'héroïne est incarnée par Annie Girardot, Jessua aborde ses thématiques sociétales où ici, il est un peu en avance sur son temps en décrivant l'utilisation et l'exploitation d'une main d'oeuvre étrangère par les classes dominantes, le tout sous couvert d'un thriller d'anticipation. L'audace du sujet était peu courante en 1972, et le savoir-faire de Jessua est de faire en sorte que le spectateur devine ce qui se trame dans cette drôle de clinique et se refuse à le croire. En effet, le personnage de Girardot semble apprécier le chef de cette clinique incarné par un Alain Delon qui semble tendu au fur et à mesure des questions qu'elle lui pose, mais des choses étranges éveillent sa curiosité. Ce qu'elle découvre peu à peu la terrifie.
L'ensemble est très bien écrit et bien construit, réalisé efficacement avec des effets qui frôlent parfois le cinéma bis, l'enquête se mêle au film d'horreur, le climat est mystérieux et dérangeant, on a cru voir à l'époque une forme de film vampirique où la science côtoie le fantastique. C'est ce qui incitera Alain Delon à refaire confiance à Alain Jessua en 1977 pour Armaguedon, film alarmiste sur le danger terrorriste, encore en avance. Jessua a eu l'idée de Traitement de choc par une expérience personnelle dans une maison de repos en Bretagne, il s'est dit que ça ferait un bon décor pour dénoncer des trucs.
Le film est peu connu mais il est resté dans les mémoires par une séquence audacieuse pour l'époque, celle du bain de mer naturiste ; en effet, il était rare de voir 2 vedettes du calibre de Delon et Girardot se baigner entièrement à poil, c'est filmé d'assez loin mais on distingue bien les visages et surtout les culs des baigneurs (en plus d'autres acteurs "sérieux" comme Gabriel Cattand et Robert Party). Jessua s'était dit que Delon se dégonflerait et qu'il n'oserait pas, prêt à supprimer cette scène, mais il l'a fait.
En plus de belles images tournée à Belle-Ile et à Quiberon en Morbihan, le film est à redécouvrir, il offre une réflexion pertinente, malgré un épilogue un peu trop grand guignol. Du coup, j'ai remonté ma note d'1 point.