Je suis rarement d'accord avec les détracteurs de Dany Boyle qui le décrivent souvent comme un réalisateur de l'esbroufe car, pour moi, c'est davantage un réalisateur de la générosité et du dynamisme. Seulement voilà, pour le coup, j'avoue qu’avec ce "Trance" j'ai été à deux doigts de changer de camp. Alors oui, c'est pêchu, généreux, bien filmé et bien rythmé... et c’est franchement pour cette raison que je n’ai pas trouvé ce "Trance" si désagréable que cela à regarder. Mais bon, très rapidement, l’intrigue multiplie les passe-passe et les twists alors qu’elle n’a même pas pris le temps de poser ses personnages et son point de vue. Et c’est cela le plus frustrant : il n’y a pas de personnage, il n’y a pas de démarche, il n’y a pas de point de vue... Tout cela n’est qu’une série de gadgets avec lesquels Dany Boyle s’amuse. Alors bien sûr, le plaisir du gars se ressent à l’écran, mais l’ensemble tourne tellement à vide que j’ai bien eu du mal à m’impliquer là-dedans. On commence sur la thématique du vol... qu’on abandonne par la suite. On annonce aussi un propos sur l’importance du muscle et de l’audace... Annonce qui tombe à l’eau puisqu’elle est laissée en plan par la suite. On multiplie les retournements, les identités à une vitesse supersonique, le tout sur une bande son assourdissante et mal pensée, à tel point qu’aucune identité précise n’est jamais donnée au film. D'ailleurs, quand j’y repense, je me dis que ce "Trance" aurait très bien pu se finir en nous en apprenant que Vincent Cassel était en fait James McEvoy et que Rosario Dawson n’était qu’une illusion informatique implantée dans leur cerveau... mais que finalement tout cela n’était qu’un rêve... Oui, cette fin aurait été tout aussi cohérente et crédible au regard du déroulement de cette intrigue, c’est dire... Bref, je conçois qu’on puisse prendre plaisir à ce déferlement totalement foutraque de l’ami Dany, car au final ce fut quand même mon cas. Par contre, il ne faut pas avoir la peur du vide, car c’est bien ce qui caractérise ce "Trance"... Or, sur ce point, j’avoue nourrir quand même une légère amertume...