Coquille vide
J'ai beau tourner ça dans tous les sens, tentant vainement de m'accrocher au minimum d'affection que je lui porte, je ne parviens pas à définir Transfiguration autrement que comme une coquille vide...
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le 31 oct. 2016
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De bien étranges pulsions animent intérieurement le jeune Milo, ado esseulé du Queens, renfermé sur lui-même, moqué si ce n'est maltraité par ses camarades comme par les grands frères de son quartier ne voyant en lui qu'un freak sans caractère ni personnalité, un fantôme effacé traversant à l'occasion leur territoire comme une ombre empiétant malgré elle sur leur soleil. Malgré elle car Milo préfère rester discret, il faut dire que Milo ne se sent pas vraiment l'envie de s'épancher sur ses passions ou plutôt son seul et unique centre d'intérêt : j'ai nommé le vampirisme. D'autant plus que cet attrait un peu particulier se révèle très concret, le mythe romantique du vampire ne l'intéresse absolument pas et d'ailleurs, sa collection de films sur le sujet ne se porte que sur des histoires "réalistes". Les contes ou romances ne lui parlent pas un instant car inaptes à l'instruire sur la façon de devenir un vrai buveur de sang. Et oui, Milo veut du sang, réellement, pour se sentir incarné peut-être, sentir en lui la vie couler, quitte à ce qu'il s'agisse en partie de celle des autres.
Milo, un personnage atypique, sans aucun charisme, presque lymphatique, que l'irruption de l'amour dans son existence humanisera insensiblement, sans effusions (enfin si mais pas les plus attendues), n'est pas là pour faire adhérer le spectateur à son errance, à sa descente intérieure. L'empathie à son égard semble compromise ou du moins, sa possibilité paraît limitée. Quand une nouvelle voisine de son âge, au parcours cahoteux et fragile comme lui, deviendra étonnamment sa petite amie et "s'immiscera" très vite dans son intimité, cette liaison n'aura pour but que d'éclairer un peu plus notre personnage principal sur les barrières le tenant définitivement à distance du monde des émotions. Le constat est radical et exclut, à défaut de remises en cause, tout retour en arrière.
Transfiguration dépeint une certaine morbidité du quotidien, sans lyrisme ni envolées ; Transfiguration dépeint avec retenue cette morbidité qui finit d'emporter ce qui est déjà perdu.
Si une réalisation incontestablement morne et austère peut déconcerter, elle apparaît bien sûr en totale cohérence avec son thème. Et si, oui, le rythme est un peu apathique, il parvient ainsi d'autant mieux à distiller le malaise évoqué, ce mal-être adolescent souvent si difficile à cerner, que l'on peut très bien savoir écouter sans vraiment se montrer capable d'en parler.
Avec ce vrai-faux film de vampire, O'Shea s'attache avant tout à accompagner un cheminement dépressif bien entamé vers sa phase terminale. Indépendante et froide, sa démarche ne trouvera pas toujours une oreille attentive à laquelle se confier mais saura mordre la petite corde encore sensible des cœurs presque éteints.
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le 29 nov. 2024
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