Irritation game
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le 17 août 2024
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Y'a un truc très cool dans ce film, c'est lorsque cette idée à la con d'un tueur en série traqué dans un concert de musique pénible établit un parallèle métaphorique malicieux avec le piège infernal du père de famille enfermé dans un concert de pop abominable pour faire plaisir à son ado. On comprend sa motivation d'être venu là, c’est l'amour qu'il porte à son enfant. On comprend aussi l’enfer qu’il traverse devant faire face à un nombre épuisant d'épreuves terrifiantes : aller acheter un tshirt au merch', aller acheter à manger, aller acheter une bière, aller pisser, trouver sa place, tomber sur une voisine qui casse les burnes, tout ça dans l'environnement claustro d'un concert (pour ceux qui savent pas trop ce que c'est, imaginez être enfermé dans un gymnase devant des gens qui ondulent en suivant des rythmes mystérieux et que tu aurais la chance de pas pouvoir apercevoir sauf que y’a des télés géantes partout pour te les montrer. Tout ça avec de la musique partout), entouré par des dizaines de milliers d'ados hystériques, dans une foire à l'acné, merveilleuses paillettes de la puberté et mayonnaise tragique de l'âge ingrat, ululant ensemble un cœur de cris stridents dans une évocation XXL de cette ambiance si particulière que l'on ne retrouve que dans ces usines métallurgiques où des gros malabars poncent des machins en fer avec des trucs qui grincent. Naturellement, le père de famille enfermé dans cette arène infernale commence à bad triper complet, il a envie d’étrangler sa fille, le crétin du merch’, la voisine qui pue et des milliers d’ado. Il a tellement envie de fumer tout le monde qu'il est persuadé d'être déjà un tueur en série ! Il sait que tout le monde le regarde, que tout le monde a vu son angoisse et que la foule s'apprête à tout moment à se détourner du show pour braquer ses milliers d’yeux vides vers lui en le montrant du doigt : « Where you gonna go? Where you gonna run? Where you gonna hide? Nowhere, 'cause there's no one like you left ! » et d’enchaîner par des « sus à l’infidèle ! » bien toniques, dans un genre flippos de scène cheulou où Conan et les Body Snitchers seraient servis sauce Las Vegas Parano.
Mais c’est là où le film est génial. Parce que le récit épouvantable de ce type sympa sombrant dans un cauchemar éveillé au fur et à mesure que s’égrainent les tubes de merde s'agitant vainement dans une impuissance pathétique se révèle, par une astuce formidable, l’exact reflet du calvaire du spectateur, lui aussi enfermé dans une salle possédé par cette envie de violence et de fuite haletante que l’on ne trouve que dans les rêves trop secs des fin de soirée trop humides. Bref, ficelé lui aussi devant le spectacle navrant d’une cinématographie américaine à bout de souffle et mortifère, le spectateur partage le sentiment du bon père de famille et du vilain tueur : Quand est ce que tout ça va s'arrêter ? Et, parce que visiblement, personne n’a rien foutre de rien, on se dit qu'ils vont simplement baisser les bras à un moment et arrêter le film en chemin, persuadé qu’il ne reste plus personne, pariant simplement sur le fait que le spectateur, lui, peut se barrer ? Eh bien, grosse surprise, grosse grosse surprise : Figurez-vous que le film va jusque à la fin (je suis allé voir, c’est pas une blague, même s’il n’aurait probablement pas dû, moi non plus d'ailleurs).
Bon, comment dire, y’a des films, tu sais que si t’avais voulu leur laisser une chance, eh ben il fallait vraiment pas les voir
Créée
le 31 août 2024
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