Ridley Scott est l'un des réalisateurs les plus difficiles à enfermer dans une case ou dans un genre défini, lui qui se sera affirmé comme un véritable touche à tout capable de se confronter à des genres aussi variés que l'horreur ("Alien"), la science-fiction ("Blade runner"), le péplum ("Gladiator"), la romance ("A good year") ou encore le film de guerre ("Black hawk down").
En découvrant "Someone to watch over me", je pensais que le britannique se frottais pour la première fois au polar, ce qu'il ne fera en réalité qu'à l'occasion de son film suivant, "Black rain".
Ici, il s'agit plus d'une étude de caractères et d'un triangle amoureux, sous un vernis de thriller vaguement anxiogène.
Mais comme aucun de ces aspects n'est véritablement approfondi, on se demande un peu où l'aîné des Scott a voulu en venir. Certes, le film n'est pas désagréable, mais "Traquée" se révèle franchement anecdotique, surtout quand survient le dénouement, convenu et sans aucune surprise.
La prestation des comédiens s'avère plutôt convaincante, mais aucun d'entre eux ne crève véritablement l'écran, leurs personnages à défendre n'étant pas d'une folle complexité.
On pourra toutefois apprécier la prestation de Lorraine Bracco en femme du peuple qui ne sait comment affronter sa rivale de la haute (Mimi Rogers), qui bénéficie d'atouts autrement plus probants pour séduire son Tom Berenger de mari, petit flic ébloui par le monde de paillettes qu'il est amené à côtoyer le temps de sa mission.
"Someone to watch over me" ne brille ni par son originalité ni par la complexité de son scénario, mais peut compter sur la réalisation de Ridley Scott pour lui offrir une certaine tenue : débutée sur de magnifiques vues aériennes de New York entre chiens et loups, avec en fond la chanson-titre jazzy de Sting, la mise en scène reste en effet le point fort du film, même si on aurait souhaité un rythme un peu plus punchy.
Mais le quatrième long-métrage de Scott, qui connaîtra d'ailleurs un échec au box-office, reste définitivement trop insignifiant et ancré dans les années 80 pour susciter autre chose qu'une curiosité polie.