Dans 10 ou 20 ans, on regardera Troie sur M6, l’après-midi d’un jour férié pluvieux. On rigolera bien de ce spectacle ampoulé, souvent fastueux mais parfaitement ridicule et déplacé. Nos filles soupireront à la vue des fesses de Brad et peut-être voudront-elles accrocher la photo du jeune premier Orlando Bloom (jamais aussi bon que lorsque que le rôle exige de regarder aussi loin que ses yeux vitreux le permettent avec un air affligé qu’il cherche à faire passer pour de l’intensité ou de la passion). Nos fils peut-être s’inscriront à un cours d’escrime ou de tir à l’arc. On espère que les deux s’intéresseront aux mythes, aux histoires et aux récits en allant plus loin que ce nanar pur jus.
Aujourd’hui, Troie laisse plus que circonspect : les mythes à la moulinette d’Hollywood avec Petersen en chef d’équipage, ça fait froid dans le dos et donne peu d’envie de se brûler les ailes au soleil.
On retiendra donc que Diane Kruger a des seins beaucoup plus gros que sa morphologie le laissait imaginer, que Brad Pitt pourrait rendre homosexuel l’hétérosexuel le plus endurci, que le numérique permet des plans de grue avec des milliers de figurants sans transpirer et que les hectolitres de sang versés figurent la violence de ces histoires entre hommes et dieux. Pour le reste, on attendra 20 ans, un après-midi pluvieux et on préfèrera même les mèches blondes de Colin Farell dans l’Alexandre d’Oliver Stone, sorti à la même époque.