Le cinéma d'Emmanuel Mouret a ceci d'unique qu'il fait fi des silences, des non-dits, des regards et de ce qui fait le sel de toutes les relations humaines, pour faire un film surexplicatif, ou tout est souligné, tout est dit, où les personnages ont ceci d'extraordinaire qu'ils semblent savoir en permanence ce qui leur arrive et ce qu'ils ressentent, où ils parviennent, malgré l'état émotionnel fort dans lesquels ils peuvent se trouver, à avoir un recul sur eux-mêmes et une telle clairvoyance d'esprit, qu'ils parviennent à déterminer et verbaliser avec grande justesse et exactitude leurs sentiments, dans une succession de dialogues qui pourraient de fait paraître faux, où ils sont toujours bons malgré tout, jamais dépeints comme des connards. Presque contre-intuitif, ce qui pourrait paraître ainsi dénué de spontanéité, sans saveur, sur pédagogique et ennuyeux, Emmanuel Mouret a ceci de génie qu'il parvient à créer, assez paradoxalement, à partir de dialogues et de phrasés totalement irréalistes, un film éminemment juste, extrêmement touchant et profondément vrai.