J'ai vu ce troisième volet après avoir vu "Trois couleurs Bleu" dix jours avant et sans avoir vu encore "Trois couleurs Blanc".
Je n'ai pas du tout été déçue par rapport au premier, bien au contraire. Je l'ai trouvé de qualité équivalente, même si l’histoire est très différente. J'ai quand même noté quelques similitudes physiques entre Juliette Binoche et Irène Jacob. Les deux actrices, très bien dirigées, sont aussi formidables l'une que l'autre. Elles ont beaucoup de charme et un jeu très subtil.
Le plus dans "Trois couleurs Rouge" est l'intervention de Jean-Louis Trintignant, qui se révèle être un acteur de génie. Ce rôle de juge à la retraite, dont on apprend au fur et à mesure ce que sa blessure d'amour de jeunesse a entraîné dans sa vie, lui va comme un gant. L’interpénétration entre son histoire passée et celle du voisin de Valentine (interprété brillamment par Jean-Pierre Lorit) est très intéressante.
Leur histoire d'amoureux trompé est similaire. la scène dans laquelle Auguste aperçoit sa femme au lit avec un autre est à ce titre, remarquable. On lit tout la déception, tout le chagrin sur le visage de Jean-Pierre Lorit.
Les scènes de rencontre et d'approche progressive entre Valentine et le juge Joseph Kern sont également très intéressantes. la façon qu'à Krzysztof Kieslowski de filmer les visages en plans assez serrés, l'intérieur de la maison, tout aussi mystérieuse que le personnage du juge. Et puis ces voix au téléphone, nasillardes ou claires, recouvertes par un grésillement continu suscitent l'interrogation, la même curiosité qu'éprouve Valentine pour ce vieil aigri qui l'intrigue tellement.
Le thème de la fraternité est bien le thème central : que peut-on faire pour aider l'autre, sauver une chienne, donner des conseils ?
Et puis, cette couleur rouge qui baigne certains plans. On se rappellera l'immense affiche publicitaire avec le visage de Valentine, en très gros plan, vantant une marque de chewing-gum.