Imaginez un mix entre Breakfast Club, Ferris Bueller et Mort sur le gril. Le projet a l'air alléchant. Sauf que pour Spielberg à l'époque, producteur exécutif du film, ça ne ressemblait en rien à ce qu'il avait imaginé et retire donc son nom du film, handicapant fortement ce dernier qui ne sortit que dans peu de salles américaines pour n'arriver en France qu'en VHS. Et on peut aisément comprendre pourquoi.
Très impersonnel, aussi bien dans la forme que dans le fond, 3 heures l'heure du crime (titre français idiot puisqu'il n'est nullement question de crime) aurait pu être une comédie déjantée, mémorable voire culte si la mise en scène de Phil Joanou n'était pas aussi hésitante. Entre les plans incongrus, les mouvements de caméra cartoonesques et les accélérations multiples, le film lorgne clairement vers un Sam Raimi des beaux jours, le tout saupoudré d'une atmosphère typiquement 80's où les jeunes du bahut ont chacun leurs clans, leurs habitudes, boivent du Coca Light en guise de petit déjeuner et étudient dans un établissement aux allures de prison.
Mais, paradoxalement, tout est terriblement mou et, outre une poignée de passages réussis, le rythme global du film, reposant pourtant sur une course contre la montre effrénée, semble avancer au ralenti. Certaines séquences n'ont pas de réelle chute, d'autres souffrent de plans d'insert hasardeux, freinés par une musique jamais entraînante (probablement le plus gros défaut du film). Oscillant ainsi entre le cartoon-live pas vraiment assumé et le teen movie d'époque plein de bons sentiments, 3 heures l'heure du crime reste une œuvre bâtarde, pas vraiment irrévérencieuse mais surtout très amorale, qui se cherche continuellement tout en restant sympathiquement plaisante.