Dans le genre journée pourrie, celle de Jerry Mitchell se pose là : il part en retard à son lycée, la caisse enregistreuse de la boutique de l'école est coincée, et en tant que responsable du journal local, il doit interviewer un nouvel étudiant en réinsertion, dans le genre baraqué. Sauf ce qu'il ne savait pas, c'est que ce colosse, nommé Buddy Revell, ne supporte pas qu'on le touche, et Jerry va lui donner une tape sur le bras en guise d'amitié ; ce dernier doit désormais se battre contre Buddy à la sortie des cours, à 15 heures, et il n'a aucun moyen de se défiler. Durant les six heures du récit, on va voir Jerry essayer de tout faire, gringalet comme il est, pour éviter de se faire massacrer.


Phil Joanou est un réalisateur qui a eu énormément de chance. Adorateur de Steven Spielberg, ce dernier est impressionné par un de ses courts-métrages quand il était étudiant, et il lui propose le script de Trois heures afin que ce soit son premier film en tant que réalisateur. Du coup, Joanou aura carte blanche sur ce projet-là, le casting, le choix de tourner en Utah, sous la tutelle du parrain Spielberg, qui lui fichera une paix royale, excepté à la sortie...
Dans un style volontairement inspiré par After Hours de Martin Scorsese, où on voit ou entend le tic-tac de la montre défiler jusqu'à ces fameux 15 heures, Joanou propose un cauchemar kafakaien dans un lycée où le personnage principal, joué par Casey Siemaszko, va enchainer galères sur galères durant les six heures qui le séparent du combat. Il en résulte un premier film énergique, où la grande majorité du casting est inconnu, même si on reconnait quelques têtes comme Mitch Pileggi ou Philip Baker Hall, mais qui est très bien rythmé, avec ce lycée étrange qui semble enfermer ce pauvre Jerry, et qui ne peut jamais avoir l'occasion de fuir. Car il y a la menace Buddy, joué par Richard Tyson, qui rôde, sorte d'armoire normande avec des cheveux longs, qui parle à peine, sauf pour dire de casser la figure à tel ou telle personne, car le mec ne rigole pas.


Joanou a fait le choix de proposer un récit haletant, qui fait d'ailleurs moins de 90 minutes, où le combat final est filmé tel un Rocky version lycée, avec l'excellente musique de Tangerine Dream, qui flirte aussi bien avec Howard Shore (compositeur d'After Hours) ou la comédie typique des années 1980.
Au final, le film sera un énorme bide au box-office, mais Steven Spielberg sera si consterné par le résultat qu'il retirera ses crédits en tant que producteur, car il s'attendait à voir un nouvel Karaté Kid ! Autant dire qu'il n'a rien compris au projet, enthousiasmant en diable, et qui révéla en Phil Joanou des débuts prometteurs.

Boubakar
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le 21 juin 2021

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