La mort n’est en définitive que le résultat d’un défaut d’éducation puisqu’elle est la conséquence d’un manque de savoir-vivre. (Pierre Dac)
La version que j'ai revue a été restaurée par Pathé en 2013... Rien à redire sur l'image, encore que certaines couleurs sont passées… ni sur le côté technique.
Trois hommes à abattre ? vous avez bien dit trois ?
Mais c'est une immense plaisanterie ! C'est un bataillon complet de victimes qui va disparaître sous vos yeux ! Ça tombe comme des mouches après un coup de fly-tox ! Pire qu'un jeu dont les quilles s'affaissent successivement les unes sur et derrière les autres : jugez vous-même :
Le Coq, mort, Dux, mort, Perrot, Falcon, Atkine, Tanguy, Bonke, Barbier, Breton.... morts !
Et encore je ne compte pas les trois "grosses légumes" visées par le titre et j'ai dû en oublier dans la le corbillard !
C'était bien la peine que l'adorable Anita Benoist (enfin j'espère) s'échine à concocter à Delon (Producteur) et Deray un casting de rêve, pour que les acteurs émargent, à peine apparus, dans la case "Pompes Funèbres" !...
A vrai dire, question intrigue, on finit par un peu se moquer du scénario compliqué élaboré, plus ou moins "bidouillé" par Delon, Deray et Frank autour du roman "Le Petit Bleu de la côte ouest" de Jean-Patrick Manchette (Gallimard) On a affaire à une traque, peu importe les motifs… On court, on se planque, et on ne s'ennuie pas.... Rétro sur scénario :
Un joueur de cartes professionnel roule de nuit dans sa Lancia lorsqu’il aperçoit dans ses phares une voiture encastrée dans un tronc d’arbre… Avec dedans un mourant qu’il emmène aussitôt aux urgences de l’hôpital… Victime d’un « contrat », le blessé grave qui va finalement mourir ainsi que deux autres cadres d’une entreprise de fabrication d’armes, semble aux yeux de certains avoir fait des révélations compromettantes auprès de son sauveteur… Menacé, il prend conseil auprès d’un de ses amis des RG flingué lui aussi, et par Delon avec finalement le commanditaire qui « ne joue plus » et décide de composer avec lui avant d’être victime d’un quatrième AVC !
On veut embaucher Delon qui refuse mais qui n’a pas le choix : c’est ça ou la mort ! Au moment, à un endroit où il ne s'y attendra pas.
On suit avec inquiétudes ce film dans lequel on veut la peau de Delon, car autour de lui, tout ce qui bouge se transforme en macchabée… Ca bouge, ça remue, et on n'a pas le temps de s'ennuyer... On subit l'action et on finit par entrer dedans...Bref un polar à la française comme le public l’aimait à l'époque, et justement : Delon en était à une période de sa vie où entre 1970 et 1979 il avait contribué à 29 films avec de plus ou moins bonnes réussites avant de se recentrer sur le personnage que les spectateurs aimaient en lui : celui d’un héros solitaire, un peu marginal et jeté comme un loup solitaire dans un milieu aussi hostile que celui d’une jungle…
Et aussi de se faire désirer et se limiter comme son pote et rival Belmondo, en ne faisant qu’un film par an et en se consacrant à sa promo…
Et ça a de nouveau marché comme ici : 2 194 795 spectateurs s’étaient engouffrés dans les salles en 1980, valant au réalisateur Deray (1929-2003) une seizième place au box-office, sa quatrième meilleure place… Derrière la Boum qui trônait sur le podium… Il aura eu neuf collaborations avec Delon…
Ne soyez pas surpris si vous voyez la version originale destinée au Japon qui avait une fin différente ! Les distributeurs ont leurs raisons que les scénaristes ignorent, mais priorité aux entrées et à la rentabilité ! Les images sont superbes et la plage de Trouville (un peu ventée) nous change de la sempiternelle côté d’Azur, même si notre héros manque d’y trépasser ! On notera quand même pas mal d’invraisemblances dans ce film… Curieux qu’un vieux briscard des RG comme l’ami de Delon ne se méfie pas plus d’une porte non blindée, alors qu’un étrange et inattendu coup de sonnette vient de tinter… Encore plus étrange que le tueur voit qu’on le regarde au travers d’un bloscoop (œil discret de surveillance percé dans la porte et permettant de voir le pallier) tire dedans pour tuer celui qu’il croit être Delon… Entre autres…
Pour en revenir au casting, il est tout simplement parfait, certains comédiens ayant été imposés par Delon producteur tel Dux (superbe) mais aussi Dalila di Lazzarro (1953/---) car un film sans femme aux cotés de Delon semblerait bien étrange… Quand on peut joindre l'utile à l'agréable... Vous pourrez constater que si sa prestation est moyenne, sa présence s’explique plus par la plastique de son thorax, que par ses talents d’actrice et de diction que l’accent italien n’arrange pas… Carrière surtout italienne, puis la TV alors qu’un accident de moto avait interrompu sa carrière pour le grand écran.
Dernier film aussi pour la jolie Lyne Chardonnet (1943-1980) étoile filante du cinéma qu’on voit un peu comme infirmière dans l’hôpital même où elle était traitée pour un cancer du foie qui lui sera fatal… Elle avait perdu sa longue et belle chevelure blonde et du même coup ses offres d’emploi…
Époque aussi où les courses de stock-cars n’étaient plus en vogue bien que le public apprécie les rodéos en voiture : dans ce film, les cascadeurs de Remy Julienne s’en donnent à cœur joie et les Mercedes arborent une superbe esthétique qu’elles ont perdu de nos jours…
La musique de Claude Bolling, grand spécialiste et musicien de jazz un peu oublié, sans être intrusive, ajoute à la réussite de l’ensemble !
Ne soyez pas le quatrième de la série et ne vous laissez donc pas abattre ! Tous renseignements et informations bienvenues sur ce film.
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Paris 1° le 06.06.2023-TF1 SF (1) le 23.08.2024-
(1) Que la chaîne déprogramme sans préavis un autre film (Quand faut y aller, faut y aller) est une attitude méprisante à la fois pour le téléspectateur, surtout s’il avait programmé son préenregistrement, et pour les auteurs… Déprogrammation faite pour rendre un hommage à Delon venant de décéder ? Le comédien n’aurait pas apprécié lui-même ces manques de respect des créateurs et du public ! Ultime affront : son film est précédé et interrompu de trois sauvages interruptions publicitaires de cinq minutes interrompant de manière anarchique et mercantile le déroulé de l’intrigue… Misérabiliste et honteux : panache-t-on les oraisons et convois funèbres de réclames douteuses et incongrues ? Honte à TF 1 SF !