Au cœur d'un village isolé du delta du Danube, un jeune homme de 17 ans subit une violente agression motivée par son homosexualité. Si ce type d'histoire peut sembler familier, le cadre dans lequel elle se déroule est, quant à lui, singulier : la Roumanie contemporaine, plus précisément dans les méandres méconnus du plus grand fleuve d'Europe. C'est précisément ce contexte géographique et social qui fait l'originalité du film. Le réalisateur nous plonge dans cet "enfer vert", un territoire paradoxalement si proche et pourtant si éloigné de notre monde occidental, comme un bout du monde qui se trouverait au coin de la rue. Pourtant, le récit lui-même emprunte des chemins déjà maintes fois explorés par le cinéma : le conformisme étouffant des parents, la tyrannie des qu'en-dira-t-on, le poids archaïque de l'église, la collusion entre notables locaux et autorités, la rigueur toute bureaucratique des services sociaux. Tous ces thèmes, bien que probablement fidèles à la réalité locale, sont traités de manière par trop conventionnelle. Le film pèche par son approche trop didactique, s'apparentant davantage à un documentaire sur les mœurs rurales du delta du Danube au XXIe siècle qu'à une œuvre de fiction engageante. La réalisation, distante, peine à insuffler une véritable humanité aux personnages, les réduisant à leur condition sociale sans leur offrir la profondeur psychologique qu'ils mériteraient. Même le delta du Danube, qui aurait pu être un personnage à part entière, se voit relégué au rang de simple décor, servant uniquement de toile de fond à l'échappée du protagoniste. L'absence de surprises, « d'exotisme » ou d'émotions laisse le spectateur sur sa faim, face à un simple constat sociologique qui, bien que vraisemblable, manque de profondeur cinématographique.