Nous sommes à Sfantu Gheorge, dans le monde d’Adi qui va basculer. Tout ce qu'il savait de ses parents, des gens du village, tout ce qu'il savait jusqu'à l'âge de 17 ans, n'est plus valable à partir du moment où on apprend qu'Adi embrasse des garçons.
Je ne peux pas vous décrire à quel point est puissante la scène où sa mère lui demande, les larmes aux yeux : « pourquoi ? Pourquoi embrasses-tu les garçons ? Pourquoi est-ce que ça t'arrive ?" . On sent dans son ton et dans toute son attitude qu'elle préférerait mourir, au moins elle ne ferait plus honte au village.
Le film est un réquisitoire contre l’homophobie, réquisitoire aussi puissant que la peur de ce péché capital est forte, et que tous les arguments, toutes les compromissions, et même les prières en forme d’exorcisme doivent servir à tenter de dissimuler cette tache infamante.
J’ajoute que ce film n’a aucune vocation à une quelconque promotion touristique, mais le village dont on ne voit que les rues en terre est au milieu du delta du Danube – plus grande réserve naturelle d’Europe, et qu’il n’est accessible qu’en bateau depuis Tulcea (les quelques voitures que l’on voit ne servent qu’à de petits déplacements) Le voyage dure entre quatre et sept heures selon que vous prenez le rapide ou l’omnibus et vous offre un voyage d’un autre temps dans l’un des bras splendide du Danube.
Un grand film servi par des acteurs tous excellents dans leurs rôles de marionnettes soumises à des pouvoirs lointains.