Extrêmement bien reçu par la critique et dans une moindre mesure par le public, "Trois Souvenirs de ma Jeunesse" a tout d'une œuvre-somme, reprenant dans une narration inspirée tout ce qui nous a un jour séduit, emporté, chez Desplechin : les histoires de famille, les histoires d'espions, la science et la culture, la confusion des sentiments, le tout avec ce mélange unique de distance "intellectuelle" - qui rend le film comme son spectateur plus intelligent, semble-t-il - et d'incandescence inouïe. De charme aussi, car ici la peinture d'un premier amour entre adolescents, superbement porté par l'interprétation de Quentin Dolmaire, revêt toutes les couleurs de la nostalgie (les eighties, très justement décrites) et de l'embrasement... jusqu'à ce que la cruauté - des autres, du monde, de soi-même ait raison de ce petit couple naissant. Qui se refusera quand même à mourir, au moins dans le cœur de Paul Dedalus (de l'un des deux Paul Dedalus, plus exactement...). "Trois Souvenirs de ma Jeunesse" est un film qui soulève l'enthousiasme, fait peur parfois (au cours des deux premiers "épisodes", qu'il ne faudrait pas négliger parce qu'ils sont plus courts), et nous accompagnera longtemps, de manière très intime, une fois le mot fin inscrit à l'écran. Desplechin a encore réussi son coup ! [Critique écrite en 2015]