Film vu une fois sur petit écran.
Quand j'ai commencé à regarder ce film, ça ne démarrait pas trop mal. Un Mathieu Amalric dans son style et sa qualité habituel, un début pas exempt de défauts mais pas inintéressant (et un casting bluffant d'un point de vue physique, le gamin qui joue Paul enfant ressemble incroyablement à Amalric, c'est sidérant).
Mais bien vite je me rend compte d'une chose. Je ne regarde pas "trois souvenirs de sa jeunesse". Je regarde "son souvenir d'Esther". Alors je ne vais pas m'attarder sur le titre que je trouve mal choisit, dans l'absolue on s'en fout un peu. Mais il se trouve que après visionnage du film, je me dit que j'aurais préféré voir ses autres souvenirs...
Alors bon. Je vais tenter quelque chose. Je vais tenter de prendre un peu mon temps à l'écriture de cette critique pour tâcher de ne pas cracher dessus gratuitement. Quels sont mes principaux problèmes avec ce film ? Bon déjà je me suis fait chier au bout d'environ une demi-heure / une heure mais ça c'est particulièrement subjectif, c'est un ressentit totalement personnel. Et s'il n'y avait que ça, la note ne serait pas aussi basse.
Alors quoi ? Et bien, pour commencer, les dialogues. Pourquoi vouloir coller des dialogues qui correspondent très bien au style d'Amalric à un jeune acteur qui ne sait pas du tout déclamer ce style si particulier ? Par soucis de cohérence du personnage ? Allons, allons ! Est-ce que le Paul enfant parle ainsi ? Non ! Il s'agit là soit d'une erreur à l'écriture, soit d'une erreur de casting. Et bizarrement, la quasi totalité des autres dialogues me font le même effet. On dirait des dialogues écrits pour Amalric. Sauf que là il ne s'agit même plus du même personnage. Et bizarrement, il n'y a que Amalric dans ce film qui parvient à me faire croire à ce qu'il raconte.
Mais bon, des dialogues un peu ratés, c'est pas si grave finalement. Problème suivant. Vous connaissez la règle du "show don't tell" ? C'est une règle cinématographique qui suggère (oui car on est tout à fait en droit de la transgresser) de préférer montrer les choses plutôt que de les dire. En effet, montrer aura souvent (mais pas tout le temps) plus d'impact que de dire. Et bien ce film c'est "show AND tell". La voix off passe son temps à nous décrire ce que l'on voit et c'est très très vite exaspérant. Le personnage traverse un moment de sa vie qui est propice à la métaphore du brouillard ? La voix nous dit exactement ça en même temps que le personnage traverse LITTERALEMENT quelque chose de très semblable à du brouillard. Merci, j'avais vraiment besoin de le voir ET de l'entendre. Sans ça j'aurais pas compris. Bon par ailleurs, on aurait supprimé la voix off, ça n'aurait pas été beaucoup mieux hein. Non parce que les symbolique manquent pas mal de subtilité déjà de base.
Et du coup, ouais, là ça commence à faire pas mal déjà. De mauvais dialogues et de la lourdeur tout au long du film, y a de quoi en avoir vite assez. Et oui mais ce n'est pas tout. Il faut bien parler de ce qui est central, il faut bien parler de Paul, il faut bien parler... d'Esther. Oh purée, ok là je vais avoir du mal à être tendre. Alors au début c'était pas mal. L'introduction de ce personnage est superbe, notamment cinématographiquement. Le split screen avec la partie où Esther est filmée qui vient écraser le reste, ce n'est pas d'une grande originalité mais c'est simple et efficace. Et joli. Surtout avec le regard que jette l'actrice. Ca donne tout de suite envie d'en savoir plus sur elle. Et très vite je m'attache à ce nouveau personnage que je trouve très intéressant. Elle a une très haute estime de sa personne, ou du moins de l'effet qu'elle a sur les mecs, elle se balance pas mal de ce que les autres pensent d'elle, elle sort avec plusieurs types à la fois, bref, en trois mots comme en cent, elle est indépendante.
Bon bah alors je l'ai aimé ce film, oui ou merde ? Et bah si vous lisez ceci en n'ayant pas vu ce film, attention du léger spoil mais vous apprendrez si vous poursuivez votre lecture, que le personnage d'Esther va devenir complètement dépendante de Paul SANS AUCUNE PUNAISE DE RAISON. Alors oui, ok, d'accord, c'est l'amûr, pas besoin de raison. Mais ce que je veux dire par là c'est surtout que ce n'est pas du tout amené. Pardon mais quand on me présente un personnage qui a une PUNAISE DE PERSONNALITE, j'attends un minimum d'explication à pourquoi ce personnage se transforme en une espèce d'être insipide. Et en plus leur relation est juste ultra centrale dans ce film. C'est ce que je disais au début, ce film ne nous montre pas trois souvenirs mais bien le souvenir d'Esther. Et non seulement ce personnage perd toute sa personnalité très vite (et donc toute sa saveur), mais en plus leur relation tourne en rond pendant des plombes. Et je me barre à Paris, et je reviens, et je te console et je te dis des trucs bien macho, et blabla et blabla. Et puis tout d'un coup (désolé-e mais je continue dans le spoil), pouf, rupture, ça sort de nul part. L'explication est bidon, surtout vu leur relation fusionnelle et son état de dépendance (oui parce que c'est elle qui casse), on y croit autant qu'à leur relation (c'est à dire pas du tout). Et voilà qui conclut la partie d'Esther, ouf, enfin !
Et là, épilogue. Oh merde ! Et là je vois que c'est Paul vieux. Donc Amalric. Oh oui ! Merci ! De nouveau quelque chose d'appréciable dans cette daube ! Mathieu, barre-toi de là, tu vaux bien mieux ! Et vous si vous étiez tenté-e de voir ce film, barrez-vous de cette fiche et aller donc plutôt lire des critiques de Trois ponts sur la rivière, autre film avec Amalric, qui parle aussi d'amour. Ah non merde, personne ne connait ce film, la seule critique existante est la mienne. Je vous laisse donc avec le lien vers cette (courte) critique, j'ai cru comprendre que le film était introuvable (j'ai eu la chance de le voir à la Cinémathèque), mais tentez de le voir, ce film vaut tellement mieux que la bouse que je viens de critiquer sous vos yeux ébahis, et probablement outrés.
Sur ce je vous laisse, il faut désormais que j'aille lire la critique écrite par mon père, qui à noté 8...