Troll
5.2
Troll

Film de John Carl Buechler (1986)

Première apparition de Harry Potter au Cinoche

Deux ans après le merveilleux "Neverending Story" de Wolfgang Petersen, tellement merveilleux que son auteur allemand original Michael Ende exigera la suppression de son nom sur l'adaptation de son roman à l'écran, Noah Hathaway grimé en chasseur de buffle pourpre, l'emblématique Atréyu, victorieux héros de l'Histoire sans Fin, repart en croisade en taxant son cheval blanc Artax contre des créatures plus vilaines.


Mais "qu'allait-il faire dans cette galère ?" vociférera Géronte. Il a rapporté l'Auryn à la Petite Impératrice, pas encore connue Xayide qu'il sympathise déjà avec une autre sorcière le jour où il emménage dans un nouvel appartement, pour le moins, atypique. Tout est curieux dans ce film, à commencer par les acteurs, les personnages, le doublage français est très approximatif, mais correspond au jeu des comédiens.
On se demande par moment ce qu'ont fumé les scénaristes : on ne comprend rien. Il n'y a aucune explication ou vaseuse, à croire qu'eux-mêmes ne savaient pas trop comment se dépêtrer de l'intrigue : on n'a qu'à créer un Troll ultime géant, le Boss et le pourfendre avec une flèche dorée aux vertus insoupçonnées.
Rigolez pas, c'est avec votre pognon (Coluche).


Noah s'intitule bien Harry Potter, en 1986, le même nom que son père, pratique pour les différencier. Il a l'air d'un grand frère exemplaire puisqu'il refuse de surveiller sa sœur, qui dès les premières secondes se change en Troll dégoulinant de bave visqueuse.
Dès lors, Harry Junior, adepte de films horrifiques va comprendre que même si elle en conserve l'apparence, il ne s'agit plus de sa sœur, mais d'une créature mystique qui l'épouvante.
On croise les locataires, des caricatures dignes d'une parodie des Inconnus, pas vraiment crédibles, qui reçoivent tous la visite de cette adorable blondinette dont personne ne se méfie, pour se faire pondre des œufs de Troll dans la moelle osseuse et ainsi donner une éclosion scabreuse et répugnante d'autres créatures visqueuses qui chantent.
La musique à elle seule, vaut un dix.
On ne sait pas si le film est un Troll, si l'on doit sourire, si le genre est satyrique tant les personnages sont pâlots et mollassons.


Une certaine logique résulte de l'envahissement trollifique pièce par pièce, mais existe-t-il une quelconque rationalité dû à l'élargissement pharaonique d'un 20 m² en plus de 2 000 hectares ?
En effet, les appartements se transforment en forêt gigantesque avec un ventilo de 12 watts et demi pour imiter Céline Dion dans Titanic.
Se traînant avec lenteur, une vieille sorcière apportera son aide à Noah Potter quant à apprendre quelques traits scénaristiques manquants : à savoir Torok le Troll était jadis son époux, quand elle était encore une belle et jeune fée, mais il a rompu le pacte et divisa le royaume en deux, celui des Troll et celui des Fées, miskine.
Trois plombes pour détacher ses veuch et ses rides pour que l'octogénaire se révèle fougueuse et juvénile, avançant contre le ventilo toujours en marche dans les couloirs feuillus, armée d'une ridicule épée à Apéricube que le Troll lui subtilise un centième de seconde après s'être aventurée dans son terrier : "Miskina, que je suis sotte, j'aurais du le prévoir et prendre une autre épée !"
C'était sans compter qu'elle en avait une belle collection avec des épées gigantesques, c'est donc en toute logique qu'elle prit la plus minuscule et la plus fine.
Les dialogues eux-mêmes font penser à un Troll de seconde zone :



"Harry, que fais-tu ?
- J'attends un dragon.
- Chérie, étais-tu sous l'emprise de drogue quand je t'ai rencontré ?"



Hormis la transformation globuleuse et archaïque des voisins congénitaux, chaque pénétration dans les forêts naissantes s'étiolent, on sent le manque de budget, les futures victimes errent à travers champs en plastique, gros plans sur les feuilles qui tremblent grossièrement, et une main poilu de chez Wish qui te chatouille l'épaule, hop, plan suivant on va bouffer...


Alors Harry Potter vole au secours de la Fée Carabosse avec sa flèche qu'il fait tomber presque aussitôt et dont Torok se saisit pour la lancer lui-même vers le Boss final du dernier monde en plein épicentre car cet imbécile allait s'en prendre à la petite sœur de Harry Hataway, la vraie, celle dont Passe-Partout avait prit l'apparence pour en faire la Princesse de son Royaume.
Visiblement, il n'était pas au courant, il n'a pas du voir le film.
L'appartement se soulève, les gens dans la rue se demandent ce qui se passe, et à quelle heure on mange, quand une sorte de plante carnivore ou carnassière s'agite au-dessus du toit, faite en pâte à modeler qui se mouve avec grande difficulté.
Et tout redevient à la normale, mis à part les voisins qui clamsent, et la famille qui semble déménager illico presto en prétextant porter plainte... Contre quoi ?


La Fée qui a bigrement changée, que Harry Junior n'aura jamais vu sous ses traits véritables, lui dit vaguement et sans y croire : "Bien joué pour un humain". Elle est fortiche, pour avoir perdue en un quart de seconde et être pourtant reine d'on ne sait pas trop quoi, et Noah la reconnaissant pourtant, ne lui répond même pas.
En somme, il la troll.


Tout est un peu chaotique, alors pourquoi un neuf ?
Non, ce n'est pas un Troll, c'est sincère.
Il émane de ce film un certain charme désuet que personne ne pourrait reproduire, il y a l'excuse de 1986, du budget inexistant, de l'adorable petite blonde, de la joie de revoir Atreyu qui n'aura fait que deux films dans sa vie, alors qu'il était bien partit...
Parfois, il ne faut pas comprendre, il y a des films qu'on prend plaisir à voir, où l'on éprouve même de la honte tant on sait que ce sont loin d'être des chefs d'oeuvre, mais ils correspondent à une époque, et la seule possibilité de voir Hathaway sur grand écran... Peut-être est-ce le film qui a coulé sa carrière ?
Les créatures sont bien modelées, costumes effrayants à souhait, il y a des personnages attachants comme le Nain et la Fée. On n'a pas vraiment d'explication sur le pourquoi du comment, et le grand final fait que tout recommence depuis le début puisque les apparts sont encore ouverts sur des forêts interminables de ventilateurs Carrefour, et de policiers qui se font dévorés / transformés, pour mieux se préparer au deuxième opus.


Un ovni à voir, une curiosité d'un autre siècle, mais va-t-on tenir devant la suite sans la présence d'Atréyu ?
Une fois d'accord, mais deux, ça risque de ne plus être très trôle...

SebRendly
9
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le 18 mai 2020

Critique lue 585 fois

Seb Rendly

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