Déclamée par Josiane Balasko, cette phrase est un peu le leitmotiv du film, qui est un plaidoyer sur aimer une autre personne, tant bien même qu'elle ne soit pas un canon de beauté. Gérard Depardieu est ici marié à Carole Bouquet, et pour une raison irrationnelle pour lui, il tombe amoureux d'une femme nouvellement arrivée dans son entreprise, sauf que celle-ci n'a pas le charme de son épouse, on dirait même objectivement qu'elle est banale.
S'il ne n'explique pas cette attirance, qui va finir par devenir partagée, cela met le trouble dans son ménage, et sa femme va être profondément déprimée de voir son homme partir pour une autre plus moche.
Au départ, j'avoue que j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le film, non pas à cause des dialogues de Bertrand Blier, mais par l'atonalité des acteurs, qui semblent presque murmurer, y compris Depardieu, magnifique de sensibilité. Bizarrement, entre lui et Balasko, on pourrait dire que c'est l'homme qui s'interroge sur sa propre part de féminité, de sensiblerie, de douceur. D'ailleurs, pour illustrer ceci, il y a une très belle scène où Balasko déshabille lentement Depardieu, en gros plan, comme si c'était un effeuillage. D'ailleurs, Balasko y est formidable, assumant ses formes, ses rondeurs, sa normalité dirais-je, au service d'une touchante douceur.
Quant à Carole Bouquet, elle est souvent bouleversante en femme blessée, mais dont on voit que ce drame va l'affirmer peu à peu vis-à-vis de son mari.
Le film a son ton propre, emmené par la musique de Schubert ; autant vous dire que si vous êtes allergique à la musique classique, passez votre chemin ! Au départ, c'est assez perturbant, ainsi que de ne pas voir le Blier ruant dans les brancards qu'on connait, surtout après son précédent film, Tenue de soirée, mais il n'est l'observateur d'un drame romantique peu ordinaire, presque subversif.
Il est dommage qu'une fois encore, seule la première heure de film soit formidable, une constante chez Blier, qui a l'air de ne plus savoir quoi faire de son histoire, et se reportant sur les roles secondaires incarnés par François Cluzet, Rolande Blanche t Myriam Boyer.
Autrement, Trop belle pour toi est un joli film, d'une touche très légère pour du Blier, sur le droit d'aimer d'une façon presque subjective.