Même quand il s'accorde une pause récréative, James Cameron met du cœur à l'ouvrage. On l'oublie peut-être un peu vite ce True Lies dans la filmo du réalisateur. Bon, il faut dire qu'entre les pépites SF et triomphes historiques, difficile de se faire une place. Néanmoins, comme pur moment de plaisir, il fait plus que le nécessaire.
Première réussite du film - et pas des moindres - c'est qu'il réussit presque (?) à faire oublier sa nature de remake. Eh oui, à l'origine il y a La Totale réalisé par Claude Zidi avec Thierry Lhermitte, Miou-Miou et Eddy Mitchell. À mes yeux, une comédie d'action française correcte à ne pas mélanger avec les abominations en 24 images/secondes (et sans doute autant de plans à la minute) de Jean-Marie Poiré.
Mais un original qui a tout du brouillon face au divertissement de luxe concocté par James Cameron et Arnold Schwarzenegger.
L'intrigue reste la même, mais le but fixé est de pousser le plaisir à son maximum. Alors oui, les invraisemblances pleuvent, mais quoi de plus naturel pour un film à mi-chemin entre James Bond et les comics de super-héros ? Ses personnages obéissent tous à des archétypes bidonnants, puisque ces êtres extraordinaires se retrouvent confrontés aux banales difficultés de la vie (la vie de famille, les mensonges, la jalousie).
Et c'est bien là la force du long-métrage, qui ne prend rien au sérieux tout en le faisant avec le plus grand sérieux. Nouveau genre pour James Cameron, et il se révèle aussi à l'aise avec la comédie qu'avec les séquences d'action tonitruantes. D'où émergent une poignée d'excellents moments : pause-pipi musclée, poursuite entre une moto et un étalon, striptease hallucinant, et son final échevelé. Même pour un plaisir coupable, le metteur en scène délivre son lots d'images mémorables.
Puis comment résister au charme de sa distribution? Arnold Schwarzenneger n'a peut-être jamais été aussi onctueux, charismatique en diable et drôle comme jamais. Jamie Lee Curtis rejoint la liste des personnages féminins forts de James Cameron, dans un numéro détonnant de force et de maladresse. Comment occulter le toujours aussi parfait Bill Paxton, absolument remarquable derrière la moustache ringarde de Simon, vendeur queutard et mythomane. Et petite mention de Art Malik, jubilatoire en méchant over-the-top.
True Lies est fun, True Lies est cool ; vous aurez droit à un vrai rodéo qui vous secoue les zygomatiques et vous met la mâchoire par terre. C'est un pur plaisir coupable, alors condamnez-moi car je l'aime et j'assume.