La séance débutait à 20 heures, j’avais pas mangé, et je voulais pas le faire après coup, faut jamais manger trop tard sinon on dort mal et on grossit, et après votre femme demande le divorce et vous perdez votre emploi, et vous vous retrouvez en slip à manger des chips devant Les Marseillais en rotant votre Heineken. J’ai donc pris de quoi me restaurer pendant le film, sandwiches triangles et bonbons Lutti, faut pas déconner non plus, du gras et du sucre comme les vrais hommes.
Je dis ça parce que, visiblement, l’alliage rosette de Lyon, cornichons et poésie ne fonctionne pas. Je ne suis jamais rentré dans le film. Je peux même dire que les petites bouteilles de coca en gélatine roses et bleues m’ont aidé à tenir jusqu’au bout, quand je m’ennuie j’ai tendance à faire de l’hypoglicémie.
Le casting passe son temps à chialer. Sérieux, sur 2 heures 20 de film, je pense qu’il y a 1 heure 30 avec quelqu’un qui pleure à l’écran. C’est lourd. La réalisatrice en rajoute des couches et des couches, avec des gros plans de trois plombes sur des visages attristés. Elle pousse plusieurs fois le vice jusqu’à nous montrer des très gros plans sur la larme qui quitte soudain un œil mouillé pour glisser lentement sur une joue silencieuse. C’est super lourd, à la longue. Et hop, un bonbon Lutti...
J’ai trouvé que toute l’émotion relevait de ce genre de procédé facile. Avec des blancs remplis de sous-entendus mais on sait pas lesquels dans les conversations, de long silences pesants, des regards lourds et tout embués, j’en passe...
Des situations banales et dénuées d’intérêt dramatique à la base sont étirées, et chargées artificiellement de pathos. Dès le début, 30 minutes de film sur la douleur insurmontable de parents face à un accident mineur de cours de récré impliquant leur gamin en maternelle. De mon coté, j’avais pas pris de bière pour pousser la rosette et le pain de mie était un peu sec. J’ai versé une larme de dépit. Puis je me suis dit qu’au Soudan, ils n’avaient probablement pas de bière pour pousser leur rosette non plus, ce qui m’a évité de fondre en larmes.
La photo est super jolie, la réalisation est pas mal, mais là aussi, le monstre d’insensibilité que je suis trouve à redire. Comme évoqué précédemment, elle sert une intensification dramatique et émotionnelle complètement artificielle.. Un plan m’a particulièrement énervé. Une fille fait du vélo le long d’un champ de cerisiers en fleur. OK, les cerisiers en fleur, c’est leur truc au Japon. C’est filmé en travelling latéral, les branches tombent au premier plan, la fille passe derrière. C’est beau en soi, bien. Mais j’ai vraiment eu l’impression d’être pris pour un gogo. Genre, c’est bon, on m’a déjà fait le coup, plusieurs fois même. Aujourd’hui, si tu rajoutes rien, si tu ne prends pas en considération que le spectateur a déjà vu des cerisiers en fleur cinquante fois, ton truc risque de relever du cliché. Et c’était bien le cas.
Rosette + Lutti = 7.
Film = 3.
Moyenne = 5.