Scène d'ouverture, générique sobre : paysage désolé et une jeune fille entre dans une maison qui a été le théâtre d'un meurtre atroce. Elle rentre, appelle,
Elle découvre les corps, crie ! Cut...
15 novembre 1959 !
Nous sommes plongés dans une soirée mondaine ou un écrivain à la voix bizarre disserte sur l'honnêteté artistique.
Truman Capote, car il s'agit de lui est un écrivain reconnu des milieux branchés, qui a connu un fulgurant succès avec son "Breakfast at Tiffany's"
Fasciné par la lecture d'un article sur le fait divers atroce montré en introduction, il décide d'en faire le sujet de son prochain roman.
Ce n'est pas l'adaptation d'un roman, c'en est la genèse. Ce n'est pas une biographie mais la démonstration du travail de l'écrivain pour rédiger son roman vérité.
On suit la progression du travail de Capote pendant plus de 5 ans. Ce qu'il va entreprendre pour entrer dans le psychisme du tueur, la relation qu'il construit avec cet homme dont il se sent étrangement proche.
Amitié amoureuse ? Fascination ? Passion dévorante ?
L'écrivain s'identifie au criminel, à son vécu, partage ses tourments.
Dans le microcosme de cette petite ville de province, Holcomb, le dandy n'est pas moins marginalisé, condamné que les deux criminels. Son crime ? Etre ouvertement homosexuel à une époque où on ne vit pas ce genre de sexualité librement. Etre à la marge de cette communauté renforce les liens de capote avec les criminels. Il ressent ce rejet, cet isolement.
Maintenant, comment gérer ces sentiments humains en corrélation avec l'ambition qui l'habite ?
Se servir de cette intimité, l'entretenir à des fins artistiques ?
Comment être sincère au cœur de cette relation viciée par le crime ?
Toute cette ambiguïté arrive à son paroxysme lorsque Truman se voit pressé de voir les coupables exécutes pour pouvoir enfin publier son oeuvre. On arrive à questionner la morale de l'artiste. Jusqu'où peut-on aller pour servir son art ?
En quoi le film de Miller est-il meilleur que les autres sur le même sujet ?
Celui réalisé en 1967 sur les lieux du crime avec des acteurs amateurs ou celui interprété l'année suivante par Toby Jones ?
La distance !
Sans doute aussi l'amitié qui unissait PSH à sa comparse Catherine Keener (avec laquelle il a partagé l'affiche de nombreux films notamment "Le quatuor") qui incarne Harper Lee l'amie d'enfance de Truman auteure de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur qui le raconte avec tendresse. Ca vaut mieux que Sandra Bullock non ?
Je ne m'étendrais pas sur la performance exceptionnelle de Philip Seymour Hoffman qui laisse la personnalité du génie littéraire prendre possession de son corps jusqu'à lui prêter sa voix. L'Oscar entre autres récompenses sera amplement mérité et salue ici la définition même de ce que qu'est un acteur. Le mimétisme n'est pas à lui seul la réussite de l'interprétation mais l'interprète laisse l'écrivain apparaître derrière l'acteur dans des moments de grâce et lui voler la vedette quand les multiples masques du personnage (public et/ou privé) se mélangent pour laisser place à l'individu. .