L'anesthésie de l'enfance.

Typiquement le genre de film que je redoute, avec une démarche artistique particulière. Le genre de film où je me pré-conçois l'idée d'un truc chiant, long, inintéressant, qui parle d'amour en poésie et états d'âme sur fond de mélancolie. Au final, c'est ça, mais ce n'est pas chiant. Ni long. Ni inintéressant. C'est réussi quoi.

"Tu dors Nicole" raconte la fin de l'adolescence de Nicole, une jeune adulte qui vit encore chez ses parents, parti en vacances, qui doit se confronter brutalement aux responsabilités et se prendre en main d'elle même. Elle doit s'occuper de la maison et travailler dans un centre de collecte de vêtement. Pas de quoi être dépassé, me diriez-vous, mais l'accumulation de certaines choses et la naïveté candide de Nicole va lui causer du tord, et lui faire comprendre que la vie, c'est plus aussi simple que quand elle était gosse.

C'est un film qui emporte son spectateur, dans un rythme lancinant mais jamais ennuyant, dû surtout à un dosage précis de la durée des plans et leurs cadrages. Oui, le film prend son temps, mais il a une bonne raison de le prendre. Chaque plan est intéressant, chacun est utile et nous dit quelque chose sur l'état d'esprit de Nicole et son évolution (ou sa non-évolution). Le choix du noir et blanc n'est pas forcément probant, mais il permet surement d'accentuer le jeu de lumière, très important aux cadres.

Les films "proches du réel", ce n'est pas ma tasse de thé. Mais il faut reconnaitre quand un film est bien fait, pensé, réfléchi. "Tu dors Nicole" fait parti de ses films, et c'est une excellente surprise.