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Nous sommes aux Etats Unis. Desmond Doss souhaite s’engager dans l’armée comme médecin, mais refuse de porter les armes, car ses convictions les plus intimes, et bâties sur sa foi, lui interdisent de désobéir au 5e commandement : Tu ne tueras point !
Après un temps de préparation en camps militaire, l’unité à laquelle appartient Desmond est affectée dans le Pacifique sur la colline de Hacksaw Ridge.
Mel Gibson nous livre ici un autre film splendide. La question ne se pose plus pour moi : il sort un film, je le regarde, car ses films laissent transparaitre une grande morale, une manière de penser, une grande sensibilité dans chacun des personnages qui me laissent toujours sans voix, ou en larmes, ça dépend de la fin du film !
D’ordinaire, je fais de mon mieux pour ne pas dévoiler l’intrigue, mais là, je ne peux m’empêcher de tout balancer !^^
Le film se partage en deux parties : avant Hacksaw et pendant.
Avant :
On découvre un Desmond parfois un peu benêt (mais pas agaçant). On a une histoire familiale compliquée, une romance tout à fait propre, et tout une partie en camp militaire. On y découvre toute la haine ou l’incompréhension que peut porter les cas de conscience, le souci de faire de son mieux sans blesser ses convictions.
Cette première partie comporte quelques lenteurs, mais on ne s’en offusquera plus, une fois lancé dans Hacksaw !
Pendant :
Sur le chemin qui conduit à la colline, ces soldats tout frais découvrent la mort, la douleur, les visages sans expressions, les yeux sans flammes. Toute cette bleusaille frisonne à l’idée d’aller au front.
Sur la colline, le combat fait rage. Gibson ne se livre pas ici dans le gore, comme l’industrie américaine a parfois coutume de le faire quand on parle de guerre. On voit des morts, du sang, la douleur et la peur, mais avec une certaine pudeur, on voit ce qu’il faut, mais sans être dégoûté. Desmond se bat pour sauver des vies, et c’est tout ce qui l’occupe. Dans le combat, l’instinct de protection prend le dessus chez ses camarades, qui prennent le parti de le protéger. Ça n’est plus le crétin du camp qui fait c**** tout le monde avec ses principes… C’est celui qui pourrait bien leur sauver la vie. Et ils sont impressionnés devant tant d’énergie.
La nuit passe, et chacun découvre qu’il s’est trompé sur Desmond. Les autres personnages n’en perdent rien de leur caractère, mais cette humanité nouvelle fait du bien.
Le jour arrive, et devant le nombre de japonais, il faut reculer.
« Que faire, Seigneur, qu’attends tu de moi ? Je ne t’entends plus ! » …. La réponse vient : « Oui Seigneur, me voici ! ». Et Doss fonce dans la fumée et les obus, pour retrouver ses camarades.
Quelle stupeur pour les deux plantons d’en bas de voir descendre des blessés ! et ça continue… Toute la nuit ! Au camp militaire, c’est incompréhensible ! Il y a encore des hommes qui se battent donc là-haut ?
Toute la nuit, il faut ruser contre les japonais, trainer des corps. Plus le temps passe, plus les forces de Doss diminuent, et pourtant, sur une simple prière : « Seigneur, donne-moi la force d’en sauver encore un ! », il se relève, et la renouvelle à chaque blessé !
Cette nuit est le moment le plus chargé d’émotions que je n’avais encore jamais vécu dans un film de guerre. « Just breathe »… Respirer… Ah oui, il faut que je respire moi aussi. Scotchée devant l’écran je ne pouvais me détacher de l’image, moment haletant et presque anxiogène. Oui, Seigneur, encore un ! Laisse-le en sauver encore un…
Le jour à nouveau, la cavalerie arrive, pour reprendre la crête, et récupérer Desmond.
Tu ne tueras point, c’est le contraste saisissant d’un homme qui sauve où l’on tue, qui guérit là où l’on blesse, un parallèle avec la prière de St François : « là où se trouve le désespoir, que j’apporte l’Espérance, là où se trouve l’obscurité, que j’apporte la lumière (quand il nettoie les yeux de son camarade), là où se trouve la tristesse, que j’apporte la joie […] car c’est en s’oubliant que l’on se retrouve ».
Tu ne tueras point montre que le courage n’est pas uniquement d’aller tabasser du méchant avec des armes, c’est surtout de se lever pour ce en quoi l’on croit.
Tu ne tueras point c’est aussi une question d’honneur, bien montrée dans les dernières scènes : l’honneur d’un chrétien qui « se bat » à sa manière, pour les autres et sa foi, et l’honneur du chef japonais, qui se donne la mort, car il a perdu cette bataille et ne veut pas se déshonorer davantage.
Un florilège donc du code d’honneur, chacun selon sa croyance.
Voici donc toute la maestria de Gibson condensée dans un film sur la guerre qui s’ajoute aux nombreux films de guerre, mais qui les dépasse dans sa grandeur et sa moralité. Rien de crade, et le tout sur une musique parfaitement réglée, signée Rupert Gregson-Williams. Un grand bravo pour la bande son, quand on sait que ce monsieur n’a eu que quelques semaines pour la composer ! Et avec quelle dextérité et talent. Je ne le dirais jamais assez, une excellente bande son est le panache d’un film extraordinaire, et un film de Gibson avec une merveille de bande son est un petit chef d’œuvre.