Deux ans après l’inspecteur Harry, Don Siegel retrouve son tueur dégénéré, son maire préféré et une allusion à Clint Eastwood dans un petit bijou de polar 70’s taillé sur mesure pour l’immense Walter Matthau.
Ca commence comme toujours par un braquage de banque qui tourne mal, il y a forcément, un complice boulet et quelques flics tués et en plus, cette fois, c’est ballot, ils ont braqué sans le vouloir une jolie petite fortune déposée en douce par la mafia…
Je pense que les frères Coen ont du voir ce film en boucle toute leur enfance pour s’en inspirer autant à chacun de leurs films, No Country for Old Men en tête, et ce n’est pas forcément le pire des compliments à faire à Charley Varrick…
Dans une très chouette ambiance cradingue que n’aurait pas renié Aldrich, le dernier indépendant se promène de blonde pulpeuse en blonde pulpeuse, il affronte à la fois une vieille voisine nymphomane sortie tout droit des films du gros Bob et Joe Don Baker, l’implacable envoyé de l’Organisation, un tantinet épais déjà, mais qu'on apprécie rarement de voir sonner à sa porte...
Parc à mobile-home, casse de voitures, petites villes paumées du Nouveau-Mexique, voilà le décor d’une traque impitoyable menée sans temps morts et qui recèle, rareté précieuse, au moins trois idées de scénario complètement brillantes que le réalisateur a l’extrême pudeur de disséminer avec délicatesse et modestie pour ne pas les ruiner dans l’esbroufe inutile et superfétatoire.
Un de ces grands petits films à demi-oubliés que les ressorties réveillent fort justement et que vous feriez bien d’aller goûter à l’occasion, ne serait-ce que pour voir jusqu’à quel point je m’égare ici…
Sinon, je ne veux rien gâcher, mais quand même, à un moment Walter Matthau couche avec la femme de Jack Lemmon en passant par le Sud-Sud-Ouest, j’en étais tout décontenancé.