Alors que le projet de suite / reboot / remake de son Keoma avec son casting de fou se fait attendre tel l’arlésienne qui n’arrive jamais (sous les noms de Keoma Rises ou encore The Fouth Horseman), nous allons nous intéresser aujourd’hui à un des westerns les plus funs de Enzo G. Castellari (Les Guerriers du Bronx, Les Nouveaux Barbares). Dernier volet d’un triptyque dont le premier opus était Je Vais, Je Tire et Je reviens (1967) et le deuxième Aujourd’hui ma Peau, Demain la Tienne (1968), Tuez-les Tous… et Revenez Seul est un western fun et décomplexé qui lorgne du côté des 12 Salopards (1967) et qui annonce un peu The Inglorious Bastards (l’original hein, pas le Tarantino) que Castellari réalisera 10 ans plus tard, en 1978. Une fois le visionnage terminé, on peut assurer deux choses : Tuez-les Tous… et Revenez Seul n’est pas un grand western, mais c’est par contre un très bon divertissement.
Tuez-les Tous… et Revenez Seul va s’inspirer plus des 12 Salopards que du thème classique du cowboy qui va sauver la veuve et l’orphelin. Il va être question ici d’une bande, composée de têtes toutes plus patibulaires les unes que les autres, qui va se lancer dans une mission suicide, une chasse à l’or rocambolesque et bourrée de péripéties en pleine guerre de Sécession. Chaque protagoniste aura bien entendu sa spécialité : le blond ténébreux au regard plus bleu que bleu, l’acrobate, celui qui manie le fouet, le spécialiste des explosifs, le lanceur de couteau, l’as de la gâchette, et le gros bourrin qui adore la bagarre. Sept mercenaires (tiens donc…) interprétés par des comédiens plus ou moins bons, mais toujours avec des tronches pas possibles. On retrouve par exemple l’américain Chuck Connors (Soleil Vert, Pancho Villa), sorte de croisement entre Clint Eastwood et Dolph Lundgren, le très bon Franco Citti (Le Parrain, L’Exécuteur vous Salue bien), l’acteur / cascadeur Alberto Dell’Acqua (Avec Django la Mort est là, Les Vengeurs de l’Ave Maria) ou encore l’ancien catcheur espagnol Hercules Cortes (Aujourd’hui ma peau, demain la tienne), qui porte très bien son nom et qui mourra malheureusement trois années plus tard d’un terrible accident de voiture. Du côté des antagonistes, on retrouve un des incontournables de cette période, Frank Wolff, que les amateurs du genre ont pu voir dans des bobines telles que Il Était une Fois dans l’Ouest (1968), Le Grand Silence (1968), Dieu Pardonne… Moi Pas (1967), Un Dollar entre les Dents (1967) ou encore Bravo Django (1966), lui aussi malheureusement décédé trois ans après la sortie du film, un suicide après des années de dépression. Oui, ce n’est pas gai tout ça, à l’inverse du film qui nous donne clairement la patate.
En effet, on sent très rapidement qu’on va être devant un western où le fun va primer. Dès la scène d’introduction à vrai dire. Le film est bourré d’idées farfelues, comme le banjo bazooka d’un des protagonistes, et possède un côté invraisemblable qui accentue encore la chose. Tuez-les Tous… et Revenez Seul possède un rythme très soutenu. Les péripéties sont nombreuses et le film va enchainer gunfights, scènes d’infiltration, cascades et autres explosions. Les bagarres seront aussi légion, avec un côté très Bud Spencer et Terrence Hill, mais sans l’humour, même si le film n’en manque clairement pas (le gros balourd qui se déplace sur un âne par exemple). Le film a un kill count assez énorme, avec des cascadeurs qui n’ont pas froid aux oreilles, se jetant dans tous les sens, souvent aidés de trampolines. Ce western bénéficie d’une très bonne mise en scène de Castellari qui s’en donne à cœur joie afin de coller à la frénésie de l’action. Il colle sa caméra partout et laisse libre cours à son imagination. Ça virevolte, on a de la vue à la 1ère personne, des 360 degrés, des plans sous l’eau, des zooms, des gros plans, des travellings, … Les figurants sont nombreux, les décors très réussis (le budget semble plus que confortable) et les paysages naturels de la région espagnole d’Almeria une fois de plus sublimes. Le spectacle est accompagné par une partition de Francesco De Masi (Adios Hombre, Inglorious Bastards, L’Eventreur de New York) qui, même si elle se la joue parfois Ennio Morricone, tente souvent de s’en éloigner avec une omniprésence de percus. Bien entendu, tout n’est pas rose sous le soleil de l’Andalousie. Certains acteurs, comme Hércules Cortés, ont un jeu d’une nullité affligeante ; ou encore certains effets font un peu kitchos (certaines explosions par exemple) ; mais dans l’ensemble, on passe un très bon moment.
Tuez-les Tous… et Revenez Seul est un bon western de Enzo G. Castellari qui préfère miser sur le fun et la frénésie plutôt que sur un scénario profond ou des duels épiques. Il en résulte une bobine éminemment sympathique, très divertissante, mêlant humour et action débridée.
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