Ça a la couleur du western italien, ça a l’odeur du western italien, mais, au final, ça ressemble très clairement davantage à un film de commando qu’à un western italien. Est-ce la raison pour laquelle le film est pointé du doigt comme étant un mauvais western d’exploitation ? Probable, toujours est-il que le résultat se révèle, au contraire, plutôt original avec un parti-pris qui mélange habilement les genres. Entre le film de guerre, l’aventure et le western, Enzo G. Castellari a la bonne idée de ne pas choisir pour se servir des thématiques propres à ces différents genres et livrer un pur divertissement d’action mis en scène avec inventivité. Ses modèles sont évidents : une pincée du Bon, la brute et le truand, une bonne louche des Douze Salopards et un soupçon des Sept Mercenaires. Mais de ces modèles, il retire la profondeur des personnages et la complexité des intrigues pour en retirer un concentré d’action. Le film se regarde, d’ailleurs, comme une succession de scènes pétaradantes. C’est clairement bas du front mais, en 1968, ce parti-pris est clairement novateur.
S’il abuse du coup de poing et de la dynamite, Enzo G. Castellari tire le maximum de son budget qui semble plutôt confortable. Les décors ont de la gueule, les figurants sont nombreux, et rares sont les séquences d’action qui paraissent ridicules. Véritable point faible de nombreux films d’exploitation ayant pour objet l’action (notamment dans les années 1970 et 1980 où les copies n’avaient pas les fonds nécessaires pour rivaliser avec Quand les aigles attaquent ou Rambo, pour ne citer que deux exemples), celui-ci est vraiment à la hauteur de ses ambitions. Le réalisateur en donne pour son argent aux spectateurs de l’époque avec un film sans temps mort et des séquences réellement spectaculaires par endroits. Bien évidemment, le projet a ses limites. Les péripéties manquent parfois de vraisemblance, les retournements de situation sont trop nombreux pour être honnêtes, nos protagonistes trop habiles face à des adversaires franchement trop maladroits. Mais c’est la loi du genre et la vraisemblance n’est pas le but recherché. À ce titre, de nombreuses bagarres sont assorties de sauts en trampoline franchement disproportionnés qui témoignent d’une ambition quasi cartoonesque de son réalisateur. En dépit des cadavres par centaines qui jonchent le film, tout cela ressemble à de la franche rigolade.
On peut, en ce sens, comprendre que l’amateur de pur western soit déçu. Les personnages semblent tout droit sortis d’une BD délirante et les grands thèmes du genre sont peu présents. Le gunfight final est une grande escroquerie, les colts étant finalement laissés de côté au profit de la dynamite. Le ton du film ne laisse aucune place à l’ironie et à la noirceur. On ne trouve aucun message politique derrière le propos. À ce titre, ce western à l’italienne atypique doit être pris pour ce qu’il est, à savoir un premier pas réussi dans l’action 100% qui sera la marque de fabrique d’Enzo G. Castellari. Un parti-pris qui ne lui réussira pas toujours, loin de là.