Ode à Fénéon
Il me reste Flandres et je les aurai tous parcourus. J'aurai vu tous les Dumont. C'est l'avant-dernière station de la rétrospective, avant de retrouver le présent. Ce n'est pas tant que son cinéma me...
Par
le 17 janv. 2013
16 j'aime
15
Fidèle à son style, à ses partis-pris de lenteur et de silences, voire de contemplation, le réalisateur Bruno Dumont tourne un road-movie américain très personnel, à l'opposé ce que qui se fait habituellement, des balades romantiques et mélodiques de cinéastes amoureux des grands espaces américains. C'est le dénuement qui caractérise le voyage de Dumont, avec son absence de seconds rôles et la rareté des figurants, avec ses invariables paysages de désert et de rocaille, avec ce couple dont on ne sait pas grand'chose si ce n'est que l'Américain David, accompagné de son amie Katia, est un photographe en repérage. Sans doute ne sont-ils ensemble que depuis peu, et leur relation taciturne et morne n'a d'éclat que dans leurs étreintes brutales généralement "imposées" par lui.
Le sujet qu'ébauche Bruno Dumont est celui du couple et, si l'on interprète bien la sécheresse, le dépouillement de la mise en scène et du décor, celui du couple élevé à l'universalité (une façon d'Adam et Eve?). Le cinéaste semble affirmer l'impossibilité fondamentale de l'union entre la femme et l'homme, qu'elle ne dispose qu'au malentendu (et, déjà, les deux personnages ne partagent pas la même langue). Dumont s'efforce de démontrer qu'à l'affectivité sensible de la femme répond l'instinct sexuel de son compagnon dont l'acte, à en juger par David, est défouloir et animalité. Le thème est présent dans les deux premiers films du réalisateur. Cette sombre vision qui relègue le couple à une simple question de compatibilité sexuelle n'est pas un postulat sans intérêt, même si on a du mal à surmonter le maniérisme austère et rébarbatif du récit.
Cependant que le dénouement du film, rupture aussi inattendue que
terrifiante
est aussi matière à débat. Sur ce point,
la sauvagerie soudaine
sur laquelle conclut Dumont, même à la considérer comme l'aboutissement logique de son propos désabusé, même à la ramener à une dimension métaphorique, n'est pas loin de nous rendre le film détestable. Elle nous conduit aussi à reconnaitre le mérite et l'ambition d'un cinéaste qui trace sa route sans chercher absolument -loin de là- à séduire.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Bruno Dumont
Créée
le 18 oct. 2024
Critique lue 1 fois
D'autres avis sur Twentynine Palms
Il me reste Flandres et je les aurai tous parcourus. J'aurai vu tous les Dumont. C'est l'avant-dernière station de la rétrospective, avant de retrouver le présent. Ce n'est pas tant que son cinéma me...
Par
le 17 janv. 2013
16 j'aime
15
Bruno Dumont quitte pour la première fois Bailleul la durée complète d'un film et pas pour n'importe quelle destination... eh oui, les States, America Fuck Yeah, et plus précisément la Californie. Il...
Par
le 21 févr. 2022
15 j'aime
9
J'ai lu le pitch: un photographe et sa copine font des repérages et baisent un peu partout. Ca fait envie. Après, on s'aperçoit que le film n'est pas juste destiné aux jeunes en pleine puberté et qui...
Par
le 4 août 2013
11 j'aime
2
Du même critique
Claude Chabrol tourne une parodie d'espionnage avec la désinvolture qu'il met habituellement à la réalisation de ses films de commande. De fait, les aventures de Marie-Chantal, quoiqu'on y trouve...
le 20 oct. 2024
2 j'aime
Incontestablement, René Clément a su donner de la rigueur à ce drame sentimental classique, à cet adultère d'un jour entre une bourgeoise lassée et un séducteur cynique. Il est vrai également que le...
le 20 oct. 2024
2 j'aime
Une femme éplorée a un grave accident de voiture. Son mari attend fébrilement le pronostic à l'hôpital. Flashback sur ces époux encore jeunes mariés.Le film commence comme une sotte comédie avec un...
il y a 4 jours
1 j'aime