C'est donc au tour de Twister de venir nourrir l'absence d'imagination estivale et la volonté de perpétuel recommencement des grands studios hollywoodiens...
Soit un petit succès du genre film catastrophe et une expérience inédite venant tout droit de l'année 1996. Pas sûr qu'une résurrection s'imposait comme une nécessité, à vrai dire. Mais faudrait-il condamner pour autant le nouveau venu, au pluriel cette fois-ci, de manière immédiate ?
Même si à bien y regarder, Twisters ne fait que reprendre le schéma de son aîné, tandis que les rôles archétypes de 1996 sont redistribués.
Il est toujours question d'un trauma, d'un affrontement entre scientifiques et casse-cous pour voir celui qui s'approchera le plus d'une grosse tornade.
Twisters ne sera donc qu'une sorte de remake. D'abord tuné à la désinvolture made in 2024 et à la course à la popularité, et donc à l'existence même, sur Youtube.
Sauf que Twisters change peu à peu la longueur de sa focale.
Car il n'est pas question d'aborder Twisters, malgré son S, avec des attentes en forme de plus. Plus de destruction, plus de grand spectacle... A cet titre, les effets spéciaux d'aujourd'hui se montrent efficaces afin de traduire le tension au coeur de la tempête, sans pour autant animer l'habituel trop plein décrété artificiel que l'on se fait un malin plaisir de pointer du doigt dans toutes les productions américaines actuelles.
Car il n'est plus uniquement question d'étudier et de jeter un oeil fasciné sur une nature hors de contrôle, mais de maîtriser pour tenter de mieux protéger. Il s'agit donc de reprendre le coeur du Twister de 1996 pour en faire un point de départ. Il ne s'agit donc plus uniquement de passion, parfois irresponsable, mais aussi de la confronter aux effets destructeurs laissés derrière les éléments déchaînés et aux angoisses écologiques de notre temps. En s'approchant beaucoup plus des victimes, des décombres et de la désolation, Twisters s'ancre dans notre réalité inquiète de manière simple et désarmante. Dénonçant même au passage les vautours prospérant sur la détresse de ceux qui ont tout perdu.
Le film y gagne même de véritables racines, le temps d'une halte au coeur de ce qui fait une partie de l'identité et du caractère des Etats-Unis, même si cela, sans doute, ne manquera pas de faire hurler Americana !!! à certains réfractaires avant que ceux-ci ne s'épilent leur intimité au chalumeau en guise de protestation.
Et puis, Twisters a l'immense mérite de ne pas appuyer plus que de raison sa romance, ou de multiplier les lourds clins d'oeil à son aîné. Ou encore se croire obligé de convoquer certaines figures de son casting pour uniquement se réclamer de manière ostensible de l'héritage et de la nostalgie de 1996.
Délesté d'une partie du calendrier des charges du genre, humble dans son approche du spectaculaire et tirant partie de tout le charme de Daisy Edgar-Jones, la nouvelle égérie du masqué, le film renoue avec un certain feeling bienvenu des années 90. Il ne pourra lui être reproché qu'un léger manque de rythme en forme de surplace, le temps d'un retour à la ferme familiale pour se ressourcer et préparer l'acte final.
Pas de quoi parler cyniquement de "film catastrophe" donc pour un remake que l'on est parfaitement en droit de préférer à l'oeuvre originale.
Behind_the_Mask, stormbreaker.