Coppola a eu l'idée de ce film à partir d'un rêve. Et effectivement, il est construit comme tel. Les défauts qu'on lui attribue peuvent être démontés à partir de cette explication. Parce que si le film manque de cohérence et de construction, il s'autorise des folies artistiques que seuls les rêves, ou les cauchemars, permettent.
On a donc un écrivain (Val Kilmer) qui décide d'enquêter sur un massacre dans une petite ville bien mystérieuse afin de s'inspirer pour son prochain bouquin. Il s’allie avec le shérif excentrique de la ville, joué par l’inépuisable et l’excellent Bruce Dern. Ces deux-là m’ont d’ailleurs rappelé Misery. On est totalement dans une ambiance à la Stephen King.
Comme dans un rêve, une foule de personnages et de lieux se bousculent sans sens apparent. Edgar Allan Poe est notre guide à travers cette histoire où dansent vampires, jeunes adorateurs du diable et taverniers fantomatiques.
On alterne entre un monde réel, plein de couleurs totalement maitrisées par la caméra de Coppola, et une sorte d'univers parallèle avec une esthétique à la Sin City. C'est bizarre et c'est absolument magnifique, ça donne des frissons à la fois dans les plans et l'ambiance. Visuellement c'est totalement fou, Coppola s'essaie à plein de montages dingues
Entre l’histoire du massacre de la ville et l’histoire que l’écrivain veut écrire, une mise en abime se crée, brouillant un peu plus nos repères. A la croisée de ces mondes, Elle Fanning se ballade comme une apparition, fidèle à elle-même du haut de ses 12 ans, après avoir tourné avec Coppola père et fille, Fincher, Abrams et Iñárritu.
Parce qu’au-delà de l’inexplicable, se cachent des symboliques profondes. Twixt est un film sur la beauté et la mort, deux thèmes très proches.
- De tout les sujets mélancoliques, quel est, selon l’homme, le plus tragique ?
- La mort.
- Et quand est-ce que le sujet le plus mélancolique devient-il le plus poétique ? Quand il s’abandonne le plus librement à la beauté. La mort
d’une fille sublime est sans aucun doute le sujet le plus poétique au
monde. De même, les lèvres les plus adéquates pour un tel sujet, sont celles de l'homme qui l'aimait.
En confrontant un père à la mort de son enfant dans Twixt, Coppola expie ses propres démons. Il devient Val Kilmer. Cette responsabilité, cette culpabilité de ne pas avoir été là, il l’a lui-même ressentie lors du décès de son fils, Gian Carlo, en 1986. Et c’est en comprenant cela, en liant le réel et le fictif, que Twixt devient bouleversant.
Le fils de Coppola est mort dans un accident de Speed-boat, tout comme la fille de l’écrivain dans Twixt.
Un Coppola injustement méprisé, qui s’est lancé dans un petit projet expérimental bien éloigné de ses gigantesques productions. Il expie ses démons en faisant du Lynch et en sublimant le gothique dans une ambiance à la Stephen King.