Force est de croire que le gros Coppola a encore des mots d'amour à dire au Cinéma.
Francis Ford Coppola. Voila un nom auquel on échappe pas lorsqu'on s'intéresse au cinéma. Rimant jadis avec des productions d'ampleur Hollywoodien ayant marqué leur temps, il s'adonne aujourd'hui à la confection de film indépendants, moins ambitieux, mais tout autant personnels.
Comme il l'a souligné dans sa masterclass, Twixt est le dernier volet d'un trilogie, avec l'Homme sans Âge et Tetro. Des films qu'il aura, je cite, tourné comme s'il était un étudiant. Et il aura eu tout autant de mal à les financer. Si j'avais été un peu déçu par l'Homme sans Âge, Tetro m'avait bien plu, et j'attendais Twixt avec impatience notamment à cause de son genre : ce fantastique au beau milieu de la cambrousse Américaine qui me rappelle mes meilleurs moments dans l'Antre de la Folie, Twin Peaks ou encore Alan Wake.
La première chose à noter dans Twixt est que le film de Coppola s'inscrit à 200% dans la littérature du genre, plus précisément celle de Poe, personnage intervenant d'ailleurs directement dans l'histoire. On notera également une petite référence Baudelairienne à l'homme qui a traduit Poe, et a permis d'une certaine manière sa reconnaissance internationale. Coppola dit avoir rêvé de cette histoire, tout comme le personnage principal de son intrigue se voit obligé de dormir pour poursuivre cette étrange histoire dans ses rêves. Et grâce à cet univers onirique (ou plutôt cauchemardesque) qui se forme, Coppola arrive à jouer sur la forme d'une manière formidable. Le parti pris graphique est bien présent, avec cette image en noir et blanc d'où s'échappent certaines couleurs, dont le rouge. Ça n'est pas que graphique, le bonhomme sait l'utiliser. Et il en va de même pour les deux phases du film qui sont en 3D. Coppola propose un nouveau système (je crois que c'est nouveau, du moins) où la 3D n'est présente que lors des moments clés du film où elle pourrait être mise en avant, tant de manière graphique que narrative. Ainsi, lors de la projection, vous verrez l'écran "enfiler" lui-même des lunettes 3D rouge et bleu, signe pour vous d'enfiler les vôtres. Au passage, la 3D est plutôt de très bonne facture.
En dehors de ces aspects graphiques particuliers, la réalisation de Coppola est soignée. S'il ne réinvente rien, il joue plutôt bien sur les ficelles du genre, si bien que le spectateur ne sait pas forcément dans quoi il s'aventure. Il en va de même pour le son, aspect superbement bien travaillé, de par certains placements sonores, ambiances, ou encore surmixages. On passera sur quelques effets spéciaux moyens (notamment le beffroi), Coppola n'a pas 300 millions de budget.
On retrouve un Val Kilmer qui a un petit peu maigri (même s'il reste bien gros) et dont on espère voir davantage de bons films. Car Val Kilmer est un bon acteur, et le prouve à nouveau ici, aux côtés de la jeune Elle Fanning.
La fin du film peut déconcerter. Elle m'a déconcerté, d'ailleurs. J'irais sûrement revoir le film avec plaisir afin de me refaire un avis. Cependant j'ai peur qu'elle reste trop obscure (voire mauvaise) pour certains spectateurs n'ayant pas eu la chance d'avoir les explications du Maitre. Car oui, tout est très personnel dans son film, de la trame générale jusqu'aux petits détails.
Certains (et j'en fais parti) avaient peut-être enterré Francis Ford Coppola avant l'heure... Le monsieur a des ressources, et ne se laissera pas faire. Il travaille d'ailleurs actuellement sur un script d'un projet "bien plus ambitieux" comme il l'a laissé entendre. J'espère qu'il réussira à trouver le financement nécessaire.
Il faut savoir que Twixt ne prétend rien révolutionner. Son but est juste de se laisser savourer par le réalisateur, comme ce dernier en a savouré la réalisation.