Un film de Francis Ford Coppola est forcément un évènement. Qu'il soit épique, intimiste, accessible ou réservé aux fans, peu importe, on a toujours envie de le voir. S'il n'a jamais réussi à recréer son propre Hollywood, le metteur en scène autrefois ingérable de "Apocalypse now" peut dorénavant mettre en scène des projets qui lui sont chers, sans avoir à en référer à qui que ce soit, tranquille dans son coin.
Mélangeant les univers de David Lynch et de Stephen King tout en convoquant les fantômes de Poe et de Baudelaire, "Twixt" est un délire franchement particulier, abscons, petit plaisir solitaire d'un cinéaste qui n'a plus rien à prouver et qui s'éclate visiblement ici.
Il faut bien reconnaître qui si tout cela n'était pas shooté par Coppola, on ne verrait que ses défauts, à savoir un truc étrange, affreusement cheap, tombant la plupart du temps à plat et frôlant sans cesse le ridicule. Pourtant, il émane de ce voyage une certaine poésie et une naïveté étonnante de la part d'un si grand réalisateur, une mélancolie douloureuse quand il s'attarde sur les fêlures de son héros magnifiquement campé par un Val Kilmer en sosie de Gérard Depardieu.
Je suis donc heureux de voir Coppola si libre, si apaisé, mais franchement perplexe devant le résultat final de son délire arty.