Après L'homme sans âge et Tetro, Coppola continue son retour aux sources, ici un peu plus proche de ses années Corman du début des années 1960 (en étant tout de même bien plus ambitieux et surtout personnel). Ici, il nous fait suivre un écrivain aux succès déclinant qui arrive dans une petite ville pour une promotion tout en commençant à s'intéresser de près à un meurtre mystérieux impliquant une jeune fille...
Visiblement, F.F. Coppola ne se fixe aucune limite ou contrainte et se permet de faire ce qui lui plaît avant tout. Il invoque notamment l'esprit et le fantôme d'Edgar Allan Poe et tente de nous faire entrer dans un cauchemar où se côtoient écrivain maudit, fantômes d'enfants morts ou encore galerie de personnages bizarres, tout en braquant sa caméra sur cet écrivain (campé par un très rond Val Kilmer).
Un peu comme dans Dementia 13, le début est assez réussi et permet d'instaurer une atmosphère ambiguë et sombre vraiment prenante. Malheureusement, plus le film avance, plus ça devient confus, suivant trop de chemins en même temps et frôlant même par moment le grotesque (sans pour autant y tomber). Finalement, ce n'est que par intermittence que Coppola ne rend son récit intéressant, pas loin d'être déroutant à certains moments malgré toujours de bonnes idées bien qu'elles ne soient pas toutes bien exploitées et/ou approfondies.
Néanmoins Twixt c'est un peu le jour et la nuit, des défauts qui font parfois ses qualités et Coppola laisse toujours planer une atmosphère sombre et mystérieuse, prenant par moments une dimension romantique ou mélancolique. Il y insuffle, à de rares moments, quelques légèretés qui sont là aussi les bienvenues. Si certaines idées ne sont pas toujours bien exploitées, d'autres le sont, comme le rapport à l'imaginaire (et l'intervention de Poe). C'est aussi dans sa réalisation que les idées oscillent entre trouvailles et inutilisés, usant de plans à divers degrés et autres effets de style.
Francis Ford Coppola n'a plus rien à prouver, le sait bien et en profite mais signe là une oeuvre mitigée, contenant presque autant de qualités que de défauts et décevante après un Tetro vraiment réussi.