Après les déboires et le flop de son adaptation du "Seigneur des Anneaux", qui mêlait prises de vue réelles et animation traditionnelle (appelé le rotoscoping), l'animateur controversé Ralph Bakshi réitère l'expérience avec une histoire co-écrite par le génie du dessin féérique Frank Frazetta. Intitulé en français Tygra la glace et le feu, cette aventure baignant dans l'heroic fantasy pur et dur nous entraine dans un monde sans pitié où règnent sorciers, magiciennes, hommes-singes, ptérodactyles et autres créatures fantastiques uniques.
Avec sa technique du rotoscoping, l'animation des images est aussi fluide que la réalité. Les mouvements des personnages étant filmés au préalable avec de vrais acteurs, on reste bluffé par leur précision. L'univers créé par Frazetta est, lui, magnifique : plaines désolées, forêts lugubres embrumées, montagnes de feu et forteresse de glace nous en mettent plein la vue. De plus, les personnages sont typiquement issus de l'heroic fantasy : un guerrier solitaire et intrépide, une princesse dénudée, un sorcier à la peau blanchâtre, des sbires ressemblant à des hommes de Cro Magnon et j'en passe.
Pourtant, le scénario demeure quant à lui très manichéen : deux peuples en guerre, un mariage forcé, un chevalier servant partant délivrer une princesse enlevée... Ça ne vous rappelle rien ? Car l'unique défaut de cette production atypique reste sans aucun doute son histoire simpliste, aux rebondissements nombreux mais baignant dans un profond air de déjà-vu. Toutefois, le long-métrage reste foncièrement plaisant, surtout grâce à son imaginaire classique mais toujours aussi efficace, ses scènes d'action et son souffle épique, notamment grâce aux séquences mettant en scène l'imposant Darkwolf, directement inspiré du "Death Dealer" de Frazetta. En somme, une petite perle inégale mais cultissime.