Umrika est un film doux-amer, un peu comme une poignée d'amandes qui en contiendrait une mauvaise : sucré, croquant, fondant, avec cet arrière goût d'amertume.
Les films indiens recèlent vraiment des perles. Umrika est attendrissant, drôle, touchant, tout simplement.
Je vous parle d'un film qui a su momentanément me faire trouver Indiana Jones détestable.
L' inversement de point de vue opère très bien dans Umrika, et l'interprétation que se font les personnages des États-Unis à partir de photos ou autres médias amène des situations drôles et bien trouvées.
Je vous parle d'un film qui, tout en suggérant un pays sublimé aux yeux de l'Inde, montre celle-ci sans artifices.
Les personnages se mentent beaucoup, mais s'aiment profondément. Ils rêvent des U.S.A comme d'un Eldorado sans se rendre compte leurs propres richesses. À force de se faire rabâcher qu'un pays est formidable à toutes les sauces, on finit par y croire sans trop savoir pourquoi. Ils se sacrifient, chacun à leur manière, pour les membres de leur famille.
Non seulement le film n'est pas noir et blanc et n'a pas de parti-pris, mais il se moque justement et du manichéisme et du prosélytisme à travers ses personnages qui, poursuivant leurs idées, se confrontent finalement à l'intransigeance de la réalité.
Malgré quelques étirements scéniques qui le rendent un peu long, le film est immersif et se regarde avec tendresse, dépayse avec sa géographie comme avec ses trouvailles.
Les acteurs sont pour la plupart justes dans leur jeu, incarnant tous des personnages très humains, fortement crédibles, auquel on s'attache non pas par identification ou par compassion, mais parce qu'ils nous semblent vrais. Ici, le méchant mafieux aime les gâteaux et le héros vole un vélo.
Le scénario prend des directions pas toujours attendues et tient la route jusqu'au bout sans faiblir.
Le changement de ton entre le village en haut de la montagne et la ville est assez intéressant, notamment pour le gradué dégradé qu'il nous montre ; la vie dans le tout petit village est peut-être dans l'ignorance mais elle est simple, essentielle, plaisante ; celle dans la ville devient plus torturée, plus sale, plus galvaudée, et le sommet de l'absurde est représenté par cette « Umrika » pas si fantasmée que ça. Chaque remarque innocente des indiens sur le non-sens de ses coutumes est en fait cinglante. Car assis dans notre salle de cinéma française, leur vision déformée est aussi la notre et nous sommes un peu les indiens qui fantasmons naïvement sur les stéréotypes des States, tout en ayant un pied moulé dans le béton de cet occident compliqué.
Puis tout s'achève sur un dénouement qui laisse pantois, toujours sur le fil entre drame et humour.
Et ce goût doux-amer qu'on a en bouche après le générique, finalement, on l'aime. C'est parfois celui de la vie.