Après avoir dénoncé vertement les travers des relations amicales dans "Cuisine et dépendances", Jean-Pierre Bacri et ses co-auteurs adaptent à nouveau une pièce de théâtre du tandem Jaoui-Bacri, consacrée cette fois aux dysfonctionnements d'une famille lambda.
"Un air de famille" est un huis-clos situé dans le bistrot miteux tenu par l'un des fils (Bacri), éternel loser qui souffre de la comparaison avec son frère (Wladimir Yordanoff), cadre supérieur adulé depuis toujours par leur mère intrusive (Claire Maurier).
On retrouve également la sœur rebelle et paumée (Agnès Jaoui), la belle-sœur cruche et déconnectée des réalités (Catherine Frot), ainsi que l'employé fidèle (Jean-Pierre Darroussin), un gentil garçon qui se fait marcher dessus tout en observant cette famille à la dérive.
D'ailleurs, si le ton est celui de la comédie douce-amère, "Un air de famille" est un film sombre, dans lequel les protagonistes apparaissent antipathiques et égocentrés, nous rappelant à chaque instant la cruauté des rapports humains.
C'est peut-être cette absence d'empathie pour les personnages qui m'empêche d'apprécier pleinement cette satire acerbe de la structure familiale, dont les membres apparaissant du coup très caricaturaux ; mais c'est aussi ce qui fait la valeur du film de Klapisch, sans concession vis à vis de ses anti-héros médiocres, tout juste sauvés sur la fin par un semblant de dignité retrouvée (et encore, pas par tous).
Bref, "Un air de famille" s'apparente davantage pour moi à une œuvre amère et pessimiste qu'à une comédie désopilante.
Le film bénéficie en tout cas d'une écriture fine et caustique, qui préfigure les grands succès au cinéma du couple Jaoui-Bacri, à commencer par la sortie quatre ans plus tard de l'estimé "Goût des autres".