Saigon, printemps 52, le cadavre d'un américain est découvert. Adapté librement du roman de Graham Greene, ce film de Mankiewicz est assez méconnu alors qu'il constitue un des maillons essentiels de la carrière du réalisateur. Comme souvent chez lui, les apparences sont trompeuses et les deux jours de célébration du nouvel an chinois vont être bien moins paisibles que prévues. Loin d'un exotisme facile, dans l'Indochine en guerre, Mankiewicz s'intéresse à trois personnages représentatifs des cultures dominantes de l'époque : l'anglais idéaliste un rien désabusé, l'américain donneur de leçons et ... le français, un peu dépassé par les évènements. Les dialogues sont ciselés et le duel anglo/américain finement analysé, autour d'une femme, loin des stéréotypes de vamp orientale. La mise en scène est on ne peut plus brillante, les 3/4 du récit sont constitués d'un flashback qui décrit la plongée en enfer du pseudo représentant de commerce yankee. Graham Greene était mécontent du film qui, il est vrai, n'est guère fidèle au livre. Le remake éponyme de Philipp Noyce (2002) l'est bien davantage mais le film n'est guère convaincant.